A- Manque à gagner pour l’Occident à cause du Premier Satellite africain
1 - C’est la Libye de Kadhafi qui offre à toute l’Afrique sa première
vraie révolution des temps modernes : assurer la couverture universelle
du continent pour la téléphonie, la télévision, la radiodiffusion et de
multiples autres
applications telles que la télémédecine et l’enseignement à distance ;
pour la première fois, une connexion à bas coût devient disponible sur
tout le continent, jusque dans les zones rurales grâce au système par
pont radio wmax.
L’histoire démarre en 1992 lorsque 45 pays africains créent la
société Rascom pour disposer d’un satellite africain et faire chuter les
coûts de communication sur le continent. Téléphoner de et vers
l’Afrique est alors le tarif le plus cher au monde, parce qu’il y avait
un impôt de 500 millions de dollars que l’Europe encaissait par an sur
les conversations téléphoniques même à l’intérieur du même pays
africain, pour le transit des voix sur les satellites européens comme
Intelsat. Un satellite africain coûtait juste 400 millions de dollars
payable une seule fois et ne plus payer les 500 millions de location par
an. Quel banquier ne financerait pas un tel projet ? Mais l’équation la
plus difficile à résoudre était : comment l’esclave peut-il
s’affranchir de l’exploitation servile de son maître en sollicitant
l’aide de ce dernier pour y parvenir ? Ainsi, la Banque mondiale , le
Fmi, les Usa, l’Union européenne ont fait miroiter inutilement ces pays
pendant 14 ans. C’est en 2006 que Kadhafi met fin au supplice de
l’inutile mendicité aux prétendus bienfaiteurs occidentaux pratiquant
des prêts à taux usuraire; le guide libyen a ainsi mis sur la table 300
millions de dollars, La Banque africaine de développement a mis 50
millions, la Banque ouest-africaine de Développement, 27 millions et
c’est ainsi que l’Afrique a depuis le 26 décembre 2007 le tout premier
satellite de communication de son histoire. Dans la foulée, la Chine et
la Russie s’y sont mises, cette fois en cédant leur technologie et ont
permis le lancement de nouveaux satellites, sud-africain, nigérian,
angolais, algérien et même un deuxième satellite africain est lancé en
juillet 2010. Et on attend pour 2020, le tout premier satellite
technologiquement 100% africain et construit sur le sol africain,
notamment en Algérie. Ce satellite est prévu pour concurrencer les
meilleurs du monde, mais à un coût 10 fois inférieur, un vrai défi.
Voilà comment un simple geste symbolique de 300 petits millions peut
changer la vie de tout un continent. La Libye de Kadhafi a fait perdre à
l’Occident, pas seulement 500 millions de dollars par an mais les
milliards de dollars de dettes et d’intérêts que cette même dette
permettait de générer à l’infini et de façon exponentielle, contribuant
ainsi à entretenir le système occulte pour dépouiller l’Afrique.
2- Fonds monetaire africain, Banque centrale africaine, Banque africaine des investissements
Les 30 milliards de dollars saisis par M. Obama appartiennent à la
Banque centrale libyenne et prévu pour la contribution libyenne à la
finalisation de la fédération africaine à travers 3 projets phare: la
Banque africaine
d’investissement à Syrte en Libye, la création dès 2011 du Fonds
monétaire africain avec un capital de 42 milliards de dollars avec
Yaoundé pour siège, la Banque centrale africaine avec le siège à Abuja
au Nigeria dont la première émission de la monnaie africaine signera la
fin du Fcfa grâce auquel Paris a la mainmise surcertains pays africains
depuis 50 ans. On comprend dès lors et encore une fois la rage de Paris
contre Kadhafi. Le Fonds monétaire africain doit remplacer en tout et
pour tout, les activités sur le sol africain du Fonds monétaire
international qui, avec seulement 25 milliards de dollars de capital a
pu mettre à genoux tout un continent avec des privatisations
discutables, comme le fait d’obliger les pays africains à passer d’un
monopole public vers un monopole privé. Ce sont les mêmes pays
occidentaux qui ont frappé à la porte pour être eux aussi membres du
Fonds monétaire africain et c’est à l’unanimité que le 16-17 décembre
2010, à Yaoundé
les Africains ont repoussé cette convoitise, instituant que seuls les pays africains seront membres de ce Fma.
Il est donc évident qu’après la Libye, la coalition occidentale
déclarera sa prochaine guerre à l’Algérie, parce qu’en plus des ses
ressources énergétiques énormes, ce pays a une réserve monétaire de 150
milliards d’Euros. Ce qui devient la convoitise de tous les pays qui
bombardent la Libye et qui ont tous quelque chose en commun, ils sont
tous financièrement en quasi faillite, les Usa à eux seuls ont 14.000
milliards de dollars de dettes, La France , la Grande-Bretagne et
l’Italie ont chacun environ 2.000 milliards de dettes publiques alors
que les 46 pays d’Afrique noire ont, au total, moins de 400 milliards de
dollars de dettes publiques. Créer de fausses guerres en Afrique dans
l’espoir de trouver de l’oxygène pour continuer leur apnée économique
qui ne fait que s’empirer ne fera qu’enfoncer les Occidentaux dans leur
déclin qui a pris son envol en 1884, lors de la fameuse Conférence de
Berlin. Car comme l’avait prédit l’économiste américain Adams Smith en
1865, dans son soutien à Abraham Lincoln pour l’abolition de
l’esclavage, «l’économie de tout pays qui pratique l’esclavage des Noirs
est en train d’amorcer une descente vers l’enfer qui sera rude le jour
où les autres Nations vont se réveiller».
3- Unions régionales comme frein à la création des Etats-Unis d’Afrique
Pour déstabiliser et détruire l’Union africaine qui va dangereusement
(pour l’Occident) vers les Etats-Unis d’Afrique avec la main de maître
de Kadhafi, l’Union européenne a d’abord tenté sans y parvenir la carte
de la
création de l’Upm (Union Pour la Méditerranée) Il fallait à tout prix
couper l’Afrique du Nord du reste de l’Afrique. Cela a échoué parce que
Kadhafi a refusé d’y aller. Il a compris très vite le jeu à partir du
moment où on parlait de la Méditerranée en associant quelques pays
africains sans en informer l’Union africaine, mais en y invitant tous
les 27 pays de l’Union européenne. L’Upm sans le principal moteur de la
fédération africaine était foirée avant même de commencer, un mort – né
avec Sarkozy comme président et Mobarack, le vice-président. Ce que
Alain Juppé tente de relancer, tout en misant sur la chute de Kadhafi,
bien sûr. Ce que les dirigeants africains ne comprennent pas est que
tant que ce sera l’Union européenne qui finance l’Union africaine, on
sera toujours au point de départ, car dans ces conditions, il n’y aura
pas d’effective indépendance. C’est dans le même sens que l’Union
Européenne a encouragé et financé les regroupements régionaux en
Afrique. Il était évident que la Cedeao qui a une Ambassade à Bruxelles
et qui tire l’essentiel de son financement de l’Ue, est un obstacle
majeur contre la fédération africaine. C’est ce que
Lincoln avait combattu dans la guerre de sécession aux Etats-Unis,
parce qu’à partir du moment où un groupe de pays se retrouvent autour
d’une organisation politique régionale, cela ne peut que fragiliser
l’organe
central. C’est ce que l’Europe voulait et c’est ce que les Africains
n’ont pas compris en créant coup sur coup, la Comesa , l’Udeac, la Sadc
et le Grand Maghreb qui n’a jamais fonctionné encore une fois grâce à
Kadhafi
qui lui l’avait très bien compris.
4- Kadhafi, l’Africain qui a permis de laver l’humiliation de l’Apartheid
Kadhafi est dans le cœur de presque tous les Africains comme un homme
très généreux et humaniste pour son soutien désintéressé à la bataille
contre le régime raciste d’Afrique du Sud. Si Kadhafi avait été un homme
égoïste, rien ne l’obligeait à attirer sur lui les foudres des
Occidentaux pour soutenir financièrement et militairement l’Anc dans sa
bataille contre l’apartheid. C’est pour cela que, à peine libéré de ses
27 ans de prisons, Mandela décide d’aller rompre l’embargo des Nations
unies contre la Libye le 23 octobre 1997. A cause de cet embargo même
aérien, depuis 5 longues années aucun avion ne pouvait atterrir en
Libye. Pour y arriver, Il fallait prendre un avion pour la Tunisie;
arriver à Djerba et continuer en voiture pendant 5 heures pour Ben
Gardane, passer la frontière et remonter en 3 heures de route par le
désert jusqu’à Tripoli. Ou alors, passer par Malte et faire la traversée
de nuit, sur des bateaux mal entretenus jusqu’à la côte libyenne. Un
calvaire pour tout un peuple, juste pour punir un seul homme. Mandela
décida de rompre cette injustice et répondant à l’ex- président
américain Bill Clinton, qui avait jugé cette visite «malvenue», il
s’insurgea : «Aucun Etat ne peut s'arroger le rôle de gendarme du monde,
et aucun Etat ne peut dicter aux autres ce qu'ils doivent faire ». il
ajouta : « ceux-là qui hier, étaient les amis de nos ennemis, ont
aujourd’hui, le toupet de me proposer de ne pas visiter mon frère
Kadhafi, ils nous conseillent d’être ingrats et d’oublier nos amis
d’hier ». En effet, pour
l’Occident, les racistes d’Afrique du Sud étaient leurs frères qu’il
fallait protéger. C’est pour cela que tous les membres de l’Anc étaient
considérés comme des dangereux terroristes, y compris Nelson Mandela. Il
faudra attendre le 2 juillet 2008, pour que le Congrès américain vote
une loi pour rayer le nom de Nelson Mandela et de ses camarades de l’Anc
de cette liste noire, pas parce qu’ils ont compris la bêtise d’une
telle liste, mais
parce qu’on voulait faire un geste pour les 90 ans de Nelson Mandela.
Si les Occidentaux sont aujourd’hui, repentis de leur soutien d’hier
aux ennemis de Mandela et sont vraiment sincères lorsqu’on lui donnent
des noms de rue et de places, comment continuer à faire la guerre à
celui qui a permis la victoire de Mandela et son peuple, Kadhafi?
B- CEUX QUI VEULENT EXPORTER LA DEMOCRATIE SONT-ILS DE VRAIES DEMOCRATIES ? Et si la Libye de Kadhafi était plus démocratique que les Usa, la
France, la Grande-Bretagne et tous ceux qui font la guerre pour exporter
la démocratie en Libye ? Le 19 mars 2003, le président Georges Bush
lance les bombes sur la tête des Iraquiens avec le prétexte d’y exporter
la démocratie. Le 19 mars 2011, c’est-à-dire 8 ans plus tard et jour
pour jour, c’est le président français qui lance ses bombes sur la tête
des Libyens avec le même prétexte de leur offrir la démocratie. Monsieur
Obama, Prix Nobel de la Paix 2009 et président des Etats-Unis
d’Amérique, pour justifier qu’il procède à un déferlement de missiles
Cruise de ses sous-marins sur la tête des Libyens a dit que c’était pour
chasser le dictateur Kadhafi du pouvoir et y instaurer la démocratie.
La question que tout être humain doté de la moindre capacité
intellectuelle de jugement et d’appréciation ne peut s’empêcher de se
poser est : ces pays comme la France, l’Angleterre, les Usa, l’Italie,
la Norvège, le
Danemark, la Pologne dont la légitimité pour aller bombarder les
Libyens se base sur le seul fait de s’être autoproclamés « pays
démocratiques » sont-ils réellement démocratiques? Si oui, sont-ils plus
démocratiques que la Libye de Kadhafi ? La réponse, sans équivoque est
Non, pour la simple et bonne raison que la démocratie n’existe pas. Ce
n’est pas moi qui l’affirme, mais celui-là même dont la ville natale,
Genève abrite l’essentiel du commandement des Nations unies. Il s’agit
bien entendu de Jean-Jacques Rousseau né à Genève en 1712 qui affirme
dans le chapitre IV du Livre III de son très célèbre ouvrage du Contrat
social que : «il n'a jamais existé de véritable démocratie, et il n'en
existera jamais». Pour qu’un Etat soit véritablement démocratique
Rousseau pose 4 conditions selon lesquelles la Libye de Kadhafi est même
de loin plus démocratique que les Etats-Unis
d’Amérique, la France et tous les autres qui prétendent lui exporter la démocratie à savoir :
1- Dimension de l’Etat : plus un Etat est grand, moins il peut être
démocratique, pour Rousseau l’Etat doit être très petit pour que le
peuple soit facile à rassembler et que chaque citoyen puisse aisément
connaître tous les autres. Avant donc de faire voter les gens, il faut
s’assurer que chacun connaisse tous les autres sans quoi voter pour
voter est un acte dénué de tout fondement démocratique, c’est un
simulacre de démocratie pour élire un dictateur. La structure de
l’organisation de l’Etat libyen se fonde sur une base tribale qui
regroupe par définition le peuple en de petites entités. Le sentiment
démocratique est plus présent dans une tribu, dans un village que dans
une grande Nation, parce que le fait que tout le monde se connaisse et
que
la vie tourne autour des mêmes points communs apporte une sorte
d’autorégulation, d’autocensure même pour peser à chaque instant, la
réaction ou la contre-réaction des autres membres pour ou contre les
opinions qu’on peut avoir. Sous cet angle, c’est la Lybie qui répond le
mieux aux exigences de Rousseau, ce qu’on ne peut pas dire de même pour
les Etats-Unis d’Amérique, la France ou la Grande-Bretagne , des
sociétés fortement
urbanisées où la majorité des voisins ne se disent même pas bonjour
et donc ne se connaissent pas, même vivant côte-à-côte pendant 20 ans.
Dans ces pays, on est passé directement à l’étape suivante : « le vote »
qu’on a malignement sanctifié afin de faire oublier que ce vote est
inutile à partir du moment où je m’exprime sur l’avenir d’une Nation
sans en connaitre ses membres. On est ainsi arrivé jusqu’à la bêtise du
vote des citoyens vivant à l’étranger. Se connaitre et se parler est la
condition essentielle de la communication pour le débat démocratique qui
précède toute élection.
2- Il faut la simplicité des mœurs et des comportements pour éviter
que l’on passe l’essentiel du temps à parler de justice, de tribunal
pour trouver des solutions aux multitudes querelles d’intérêts divers
qu’une
société trop complexe fait naitre naturellement. Les Occidentaux se
définissent comme des pays civilisés, donc aux mœurs complexes et la
Libye comme pays dit primitif, c’est-à-dire aux mœurs simples. Sous cet
angle,
encore une fois, c’est la Libye qui répondrait mieux aux critères
démocratiques de Rousseau que tous ceux qui prétendent lui donner des
leçons de démocratie. Dans une société complexe, les trop nombreux
conflits sont
résolus par la loi du plus fort, puisque celui qui est riche évite la
prison parce qu’il peut se permettre un meilleur avocat et surtout,
orienter l’appareil répressif de l’Etat contre celui qui vole une banane
dans un
supermarché, plutôt que le délinquant financier qui fait crouler une
banque. Dans une ville comme New York où 75% de la population est
blanche, 80% des postes de cadres sont occupés par des Blancs et ils ne
sont que 20% des personnes en prison.
3- L’égalité dans les rangs et dans les fortunes. Il suffit de voir
le classement Forbes 2010 pour voir quels sont les noms des personnes
les plus riches de chacun des pays qui jette la bombe sur la tête des
Libyens et voir la
différence avec le salaire le plus bas dans chacun des pays et faire
de même pour la Libye pour comprendre qu’en matière de redistribution de
la richesse du pays, c’est à la Libye d’exporter son savoir-faire à
ceux qui la combattent et non le contraire. Même sous cet angle, selon
Rousseau, la Libye serait plus démocratique que ceux qui veulent
pompeusement lui exporter la prétendue démocratie. Aux Etats-Unis 5% de
la population possèdent 60% de la richesse nationale. C’est le pays le
plus déséquilibré, le plus inégal du monde.
4- Pas de luxe. selon Rousseau pour qu’il y ait la démocratie dans un
pays, il ne faut pas qu’il y ait de luxe parce que selon lui, le luxe
rend nécessaire la richesse et cette dernière devient la vertu,
l’objectif à atteindre à tout prix et non le bonheur du peuple, « le
luxe corrompt à la fois le riche et le pauvre, l'un par la possession,
l'autre par la convoitise ; il vend la patrie à la mollesse, à la vanité
; il ôte à l'Etat tous ses citoyens pour les asservir les uns aux
autres, et tous à l'opinion ». Y a-t-il plus de luxe en France ou en
Libye ? Ce rapport d’asservissement des employés qui sont poussés
jusqu’au suicide les employés mêmes des entreprises publiques ou
semi-publique, pour des raisons de rentabilité et donc de possession de
luxe d’une des parties est-il plus criant en Libye ou en Occident ? Le
sociologue américain C. Wright Mills a décrit en 1956 la démocratie
américaine comme «la dictature des élites». Selon Mills, les
Etats-Unis d’Amérique ne sont pas une démocratie parce qu’en définitive,
c’est l’argent qui s’est substitué au peuple. Le résultat de chaque
élection y est l’expression de la voix de l’argent et non la voix du
peuple. Après Bush-père et Bush-fils, pour les primaires républicaines
de 2012, on parle déjà de Bush-benjamin. En plus, si le pouvoir
politique se base sur la
bureaucratie, Max Weber fait remarquer qu’il y a 43 millions de
fonctionnaires et militaires aux Etats-Unis qui commandent effectivement
le pays, mais qui n’ont été votés par personne et qui ne répondent pas
directement au peuple de leurs activités. Une seule personne (un riche)
est donc votée mais le vrai pouvoir sur le terrain est tenu par une
seule caste de riches qui ne résulte purement et simplement que de
nominations comme les ambassadeurs, les Généraux de l’armée etc...
Combien de personnes dans les pays autoproclamés «démocratiques» savent
qu’au Pérou, la Constitution interdit un deuxième mandat consécutif au
président de la République sortant ? Combien de personnes savent qu’au
Guatemala, non seulement le président sortant ne doit plus jamais se
présenter comme candidat à cette fonction, mais qu’en plus à aucun degré
de parenté,
aucun membre de sa famille ne pourra plus prétendre à cette fonction ?
Combien savent que le Rwanda est le pays qui intègre politiquement le
mieux les femmes au monde avec 49% de parlementaires femmes ? Combien
savent que dans le classement de la Cia 2007, sur 10 pays les mieux
gérés au monde, 4 sont Africains ? Avec la palme d’or à la Guinée
Equatoriale dont la dette publique ne représente que 1,14% de son Pib.
La guerre civile, les révoltes, les rebellions sont les ingrédients d’un
début de démocratie, soutient Rousseau. Parce que la démocratie n’est
pas une fin, mais un processus permanent pour réaffirmer les droits
naturels des humains que dans tous les pays du monde (sans exception)
une poignée d’hommes et de femmes, confisquant le pouvoir du peuple,
l’oriente pour se maintenir aux affaires. On trouve ici et là des formes
de castes qui usurpent le mot «
démocratie » qui doit être cet idéal vers lequel tendre et non un
label à s’approprier ou un refrain à vanter parce qu’on est juste
capable de crier plus fort que les autres. Si un pays est calme comme la
France ou les
Etats-Unis, c’est-à-dire sans aucune révolte, pour Rousseau cela veut
tout simplement dire que le système dictatorial est suffisamment
répressif pour empêcher toute tentative de rébellion. Si les Libyens se
révoltent, ce n’est pas une mauvaise chose. C’est prétendre que les
peuples acceptent stoïquement le système qui les opprime partout dans le
monde sans réagir qui est très mauvais. Et Rousseau de conclure : «Malo
periculosam libertatem quam quietum servitium -traduction : S'il y
avait un peuple de dieux, il se gouvernerait démocratiquement. Un
gouvernement si parfait ne convient pas à des hommes». Dire qu’on tue
les Libyens pour leurs biens est un leurre.
C- QUELLES LECONS POUR L’AFRIQUE ?
Après 500 ans de relations de dominateur et de dominé avec
l’Occident, il est dès lors prouvé que nous n’avons pas les mêmes
critères pour définir le bon et le méchant. Nous avons des intérêts
profondément divergents.
Comment ne pas déplorer le Oui de 3 pays africains au sud du Sahara,
Nigeria, Afrique du Sud et Gabon pour la Résolution 1973 inaugurant la
nouvelle forme de colonisation baptisée « protection des peuples »,
validant la théorie raciste que les Européens véhiculent depuis le 18e
siècle selon laquelle l’Afrique du Nord n’a rien à partager avec
l’Afrique Subsaharienne, l’Afrique du Nord serait ainsi plus évoluée,
plus cultivée et plus
civilisée que le reste de l’Afrique. Tout se passe comme si la
Tunisie, l’Egypte, la Libye, l’Algérie ne faisaient pas partie de
l’Afrique. Même les Nations unies semblent ignorer la légitimité de
l’Union africaine sur ses Etats membres. L’objectif est d’isoler les
pays d’Afrique subsaharienne afin de mieux les fragiliser et les tenir
sous contrôle. En effet, dans le capital du nouveau Fonds monétaire
africain (Fma), l’Algérie avec 16 milliards de dollars et la Libye avec
10 milliards de dollars contribuent à eux tous seuls pour près de 62% du
capital qui est de 42 milliards de Dollars. Le premier pays d’Afrique
subsaharienne et les plus peuplés, le Nigeria suivi de l’Afrique du Sud
arrivent très loin derrière avec 3 milliards de dollars chacun. C’est
très inquiétant de constater que pour la première fois de l’histoire des
Nations unies, on a déclaré la guerre à un peuple sans avoir exploré au
préalable la moindre piste pacifique pour solutionner le problème.
L’Afrique a-t-elle encore sa place dans une telle organisation ? Le
Nigeria et l’Afrique du Sud sont disposés à voter OUI à tout ce que
l’Occident demande, parce qu’ils croient naïvement aux promesses des uns
et des autres de leur donner une place de membre permanent au Conseil
de Sécurité avec le même droit de veto. Ils oublient tous les deux que
la France n’a aucun pouvoir de leur attribuer le moindre poste. Si elle
l’avait, il y a belle lurette que Mitterrand l’aurait fait pour
l’Allemagne de Helmut Kohl. La réforme des Nations unies n’est pas à
l’ordre du jour. La seule manière de compter, est la méthode chinoise :
tous les 50 pays africains doivent quitter les Nations unies. Et s’ils
doivent y retourner un jour, ne le faire que s’ils ont obtenu ce qu’ils
demandent depuis longtemps, un poste pour toute la fédération africaine,
sinon rien. Cette méthode de la non-violence est la seule arme de
justice dont disposent les pauvres et les faibles que nous sommes. Nous
devons tout simplement quitter les Nations unies, car, cette
organisation de par sa configuration, de par sa hiérarchie est aux
services des plus forts. Nous devons quitter les Nations unies afin de
marquer notre réprobation de cette conception du monde basée uniquement
sur l’écrasement du plus faible. Tout au moins ils seront libres de
continuer de le faire, mais pas avec notre signature, pas en rappelant
que nous sommes d’accord alors qu’ils savent très bien qu’ils ne nous
ont jamais interrogés. Et même quand nous avons donné notre propre point
de vue, comme la rencontre de samedi 19/3 à Nouakchott avec la
déclaration sur la contrariété à l’action militaire, ceci a été passé
tout simplement sous silence pour aller accomplir le forfait de
bombarder le peuple africain. Ce qui arrive aujourd’hui, est le scénario
déjà vu auparavant avec la Chine. Aujourd’hui, on reconnaît le
gouvernement Ouattara, on reconnaît le gouvernement des insurgés en
Libye. C’est ce qui s’est passé à la fin de la Seconde Guerre mondiale
avec la Chine. La soi-disant communauté internationale avait choisi
Taiwan comme unique représentant du peuple chinois en lieu et place de
la Chine de Mao. Il faudra attendre 26 ans, c’est-à-dire le 25 octobre
1971 avec la résolution 2758 que tous les Africains devraient lire, pour
mettre fin à la bêtise humaine. La Chine est admise, sauf qu’elle a
prétendu et obtenue d’être membre permanent avec droit de veto, si non
elle n’entre pas. Cette exigence satisfaite et la résolution d’admission
entrée en vigueur, il faudra attendre un an pour que le 29 septembre
1972, le ministre chinois des Affaires étrangères donne sa réponse avec
une lettre au Secrétaire général des Nations unies pas pour dire Oui ou
Merci, mais pour faire des mises au point, en garantie de sa dignité et
de sa respectabilité. Qu’est-ce que l’Afrique espère obtenir des Nations
unies sans poser un acte fort pour se faire respecter ? On a vu en Côte
d’Ivoire un fonctionnaire des
Nations unies se considérer au-dessus d’une Institution
constitutionnelle de ce pays. Nous sommes entrés dans cette organisation
en acceptant d’être des serfs et croire que nous serons invités à table
pour manger avec les autres dans les plats que nous avons lavés est
tout simplement crédule, pire, stupide. Quand l’Ua reconnaît la victoire
de Ouattara sans même tenir compte des conclusions contraires de ses
propres observateurs envoyés sur le terrain, juste pour faire plaisir à
nos anciens maîtres, comment peut-on nous respecter ? Lorsque le
président sud-africain Zuma déclare que Ouattara n’a pas gagné les
élections et change à 180° disant le contraire après une petite visite
de 8 heures à Paris, on peut se demander ce que valent ces dirigeants
qui
représentent et parlent au nom de 1 milliard d’Africains. La force et
la vraie liberté de l’Afrique viendront de sa capacité à poser des
actes réfléchis et en assumer les conséquences. La dignité et la
respectabilité ont un prix. Sommes-nous disposés à le payer ? Si non,
notre place reste à la cuisine ou aux toilettes pour garantir le confort
des autres. D’ici là, en Libye, les bombes qu’on nous décrit comme des
rosiers qui tombent du ciel pour reboiser le désert libyen, sont
françaises, américaines, britanniques, italiennes, canadiennes,
norvégiennes, mais les victimes sont africaines, toutes africaines. Oui,
c’est une guerre déclarée à tout le peuple africain, pas à un homme,
pas à un pays.
Jean-Paul Pougala (*) Jean-Paul Pougala est un écrivain d’origine camerounaise, Directeur de l’Institut d’études géostratégiques et professeur de sociologie à l’Université de la Diplomatie de Genève en Suiss