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 Islam radical, quel avenir post- révolutions dans le monde arabe ?

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afif

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مُساهمةموضوع: Islam radical, quel avenir post- révolutions dans le monde arabe ?   Islam radical, quel avenir post- révolutions dans le monde arabe ? Icon_minitimeالأحد 13 فبراير 2011 - 15:05

Islam radical, quel avenir post- révolutions dans le monde arabe ? Manif_radical_qasbah_640
Manifestation de fondamentalistes place de la Kasbah à Tunis. Droits auteur

Les révolutions qui ont secoué la Tunisie et l’Egypte et qui vont
sûrement encore secouer de nombreux sinon tous les régimes arabes,
auront fait d’une pierre deux coups. Premières cibles abattues, les
dictateurs, leur régime despotique appuyé par un arsenal de
constitution, de lois et de décrets taillés sur mesure et une machine
gouvernementale corrompue à tous les échelons, véritable rouleau
compresseur arbitraire.
Outre ces trophées, une seconde cible qui, si elle n’a pas été
totalement touchée, aura du moins reçu un très gros coup qui va lui
faire battre de l’aile pendant quelques temps. Ce sont les mouvements
religieux intégristes et salafistes.
Les révolutions auxquelles nous assistons depuis le mois de janvier
sont le fait de la seule jeunesse avec deux leitmotivs récurrents :
Liberté, Dignité.
La moyenne d’âge des manifestants qui ont tenu le haut du pavé se
situait entre 20 et 40 ans. Bravant la brutalité du pouvoir, leur ardeur
et leur courage ont brisé le mur de la peur. A toutes les menaces
proférées par des gouvernements qui se sont retrouvés en un temps record
moribonds, ils ont répondu avec hardiesse et fermeté : Liberté,
Dignité.
En durcissant, leur grogne révélait chaque jour un peu plus
l’inefficacité des armes de leurs dirigeants, tout comme elle révélait
l’inefficacité leurs signaux lancés à l’étranger quant aux risques
courus si l’aide extérieure ne se manifestait pas.
Société, islamisme et pouvoir
La confiscation du pouvoir par les équipes qui se sont retrouvées à
leur tête après les indépendances est la première blessure qui a poussé
les différentes couches des sociétés à opérer un repli sur soi. Ecartée
du jeu politique, elles n’ont même pas participé à la distribution des
bons points tels que refonte de constitutions ou promulgation de lois et
décrets leur accordant parfois de larges droits considérés aujourd’hui
comme des acquis très précieux.
Vécue comme une duperie, la gouvernance post coloniale a entraîné le
vide quasi absolu dans tous les domaines de la vie civile, empêchant
une reconstruction saine de l’identité nationale, qu’elle fût panarabe
ou panislamique, leviers des combats contre le colonisateur.
La nature ayant horreur du vide, il était prévisible que l’individu
allait tenter de reconquérir sa citoyenneté civile annulée par divers
moyens. En empruntant le chemin le plus court, bon nombre se sont
acheminés vers la foi. A la base, personnelle et individuelle, donc peu
susceptible de leur être arrachée, elle devient très vite une réponse
aux maux qui greffent les nations et le seul moyen de retrouver une
dignité depuis longtemps perdue. De plus en plus d’appels au Djihad se
font entendre dans les mosquées où la plupart des prêches deviennent des
incitations à la mobilisation et à la lutte contre toute autre forme de
gestion de la société que celle prévue par le Coran et la Sunna.
Malgré l’humiliation ressentie par toute la nation arabe au lendemain
de la guerre des six jours, c’est la première guerre du Golfe qui va
voir se cristalliser le sentiment de rejet d’un Occident perçu comme une
entité rapace et vorace, sans foi ni loi, pillant et détruisant tout
sur son passage. Exception faite pour une minorité, les valeurs
occidentales ne représentent plus le modèle à suivre. C’est pour les
fondements de la Sharia que les options vont être dirigées. Sa perte de
crédibilité, l’Occident en sera lui-même à la fois instigateur et
victime.
Calomniez, calomniez, il en restera toujours quelques chose
Brandie contre une révolution iranienne qui a pris de court tout le
monde, la menace islamiste va se transformer petit à petit en la
diabolisation de l’Islam dont l’apport à la Renaissance qui va sortir
l’Occident des ténèbres, n’est plus à démontrer. A postériori, on
réalise que ce ne sont pas tant les droits de l’Homme les plus
élémentaires qui étaient l’objet du militantisme anti-khoméiniste mais
bien plus la perte d’un allié solide pour Israël et ses protecteurs,
en la personne du Shah d’Iran.
La campagne anti-islamique lancée dès la chute du bastion iranien va
aller crescendo pour atteindre son point culminant en septembre 2011. A
ce jour, point de conclusions de l’enquête, mais le « but » est atteint.
La mémoire collective a fini par intégrer les paramètres présentant
l’islam comme une religion sanguinaire, criminelle, despotique,
antidémocratique, réfractaire à toutes formes de modernisme. Depuis
bientôt près de quatre décennies, l’Islam est pointé du doigt par les
médias, les télévisions et même le cinéma. Difficile d’y rester
imperméable ou indifférents. La confusion entre l’islamisme et l’Islam
est une aubaine pour les régimes dictatoriaux arabes. Judicieux, ils
tournent la situation à leur double avantage.
S’attribuant le rôle de protecteurs du peuple contre ce fléau social,
ils s’érigent comme seul rempart contre l’Islamisme face à un Occident
aux populations désemparées et aux gouvernements complices de leurs
forfaits et passés maîtres dans l’art de la duplicité.
Marginalisées et rejetées par tous, les couches les plus diverses de
la société, vont venir grossir les rangs des armées levées par les
chefs islamistes frustrés de ne pouvoir partager si ce n‘est s’accaparer
le pouvoir. De cette frustration va naître une situation intenable où
les peuples seront pris en otage entre un épouvantail islamiste et une
répression sanguinaire se nourrissant l’un de l’autre.
La fin de la victimisation
En Tunisie, le 14 janvier 2011, la jeunesse a fait tomber le rideau
sur cette pièce de théâtre sordide, refusant de continuer à y jouer le
rôle de spectateur. Elle va plus loin en décidant d’en devenir l’acteur
principal. Les deux précédents comédiens vont devoir faire avec le
scénario de la nouvelle pièce de théâtre écrite par cette jeunesse et
dans laquelle l’Etat islamique n’est pas à l’ordre du jour.
Dans leur combat contre les régimes en place, les Islamistes ont
beaucoup souffert. Poursuivis sans relâche, ils ont payé un très lourd
tribut : exil, emprisonnement, torture, dislocation des cellules
familiales, isolement social, confiscation de biens …
Aujourd’hui, les uns sont rentrés d’exil quand les autres ont quitté
les prisons ; tous ont retrouvé leur dignité ainsi que leur droit à la
liberté et à l’exercice de la démocratie.
Bien qu’adversaire principal du gouvernement, ils n’ont pas été les
vainqueurs de la partie de bras de fer joué contre lui. Ce sont les
jeunes qui ont terrassé la bête.
Pourtant certains avancent encore qu’aujourd’hui, en cas d’élections
législatives, les partis religieux des deux pays seraient en mesure de
remporter 30% des sièges aux Parlements respectifs. Rien n’est moins
sûr si l’on tient compte des nouvelles dynamiques qui sont en train
d’apparaître. Nul ne peut nier que ces organisation demeurent une force
d’opposition importante, sans compter que les nouvelles générations
d’Islamistes, sont devenues effectivement non violentes et qu’elles ont
évolué sur la question de la démocratie, des femmes et de la société
civile. Aujourd’hui, leur primauté est non à la mobilisation sur les
grands slogans de l’Islam politique mais au travail social.
Il reste qu’elles ne mènent pas le mouvement et qu’elles ne
représentent pas la majorité de l’opposition. Parlant de l’Egypte,
Patrick Haenni, sociologue affirme que « les Frères musulmans,
dépassés par un islamisme light, avec une religiosité personnalisée qui
n’est obsédée ni par la charia ni par l’Etat islamique, contrôlent de
moins en moins bien la dynamique de réislamisation de la société
égyptienne ».
La grande inconnue aujourd’hui demeure la manière dont les partis
religieux vont exercer le jeu politique ? Maintenant qu’ils ne sont plus
dans l’adversité, quelle va être leur nouvelle stratégie ?
Radicalisation ou libéralisation ? Crispation ou démocratie ? Le
primat social l’emportera-t-il sur le primat politique ? Ce dernier
l’emportera-t-il sur le primat religieux ?
La conclusion de Patrick Haenni « Je crois que la grande leçon de ces
deux révolutions, celle de Tunisie et maintenant celle d’Egypte, est
l’irruption de nouveaux acteurs avec de nouvelles manières de faire de
la politique qui prennent à contre-pied toutes les formations
traditionnelles, islamistes ou non » constitue une ébauche de réponse.
Fatma Benmosbah
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