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 |  موضوع: Elections de la constituante : Grande désillusion d’Ennahdha  السبت 29 أكتوبر 2011 - 23:21 | |
|   Tous ceux qui côtoient ou qui ont un contact quelconque avec Ennahdha remarquent un profond malaise et une réelle déception de la part de ses dirigeants qu’ils arrivent difficilement à dissimiler. Les résultats des élections de la constituante a été, pour eux, une véritable douche froide. D’ailleurs, Hammadi Jebali a répété plusieurs fois sur des plateaux télés et dans des radios de la place qu’il s’attendait à un résultat beaucoup plus important en leur faveur.
L’explication est simple : Le mouvement Ennahdha a passé, dans la clandestinité, près d’une trentaine d’années à quadriller le pays même dans ses régions les plus reculées, à recruter des militants très motivés et très disciplinés, à effectuer un grand travail d’endoctrinement dans les mosquées, à mettre en place des cellules dormantes partout en Tunisie, à nouer de solides relations à l’étranger avec des bailleurs de fonds afin de financer d’abord les activités clandestines du mouvement ensuite ses campagnes électorales au moment de sa reconnaissance, etc.
Immédiatement après le 14 janvier et jusqu’aux élections, le mouvement Ennahdha a mobilisé cette grosse machine et cette armada de « soldats » afin mener sa campagne électorale. Le mouvement a joué sur la fibre religieuse et les imams des mosquées ont harcelés les gens pour leur faire comprendre que s’ils ne votaient pas Ennahdha, ils sont contre l’islam. Ils ont mobilisés des bus et des milliers de voitures particulières de militants mobilisés et dévoués (ce qui n’est pas illégal en soi, les autres n’ont qu’à faire pareil). Le mouvement, de par sa réelle présence dans les quartiers pauvres, a travaillé au plus près les pauvres et les illettrés afin d’orienter leurs votes. Il a, notamment, surfé sur la pauvreté de ces gens afin de leur vendre du grand rêve, de l’égalité, de la justice et de la morale divine. Tout ceci sans parler de ce qui se dit (et qu’il faudrait prouver par ailleurs) concernant les moutons, les cadeaux, l’argent liquide, le contrôle de centaines de bureaux de votes, … Le mouvement Ennahdha a mené, pendant cette campagne, un véritable travail de fourmies, village par village, quartier par quartier, rue par rue, café par café, maison par maison, …
Et au final pour quel résultat ? Uniquement 1 501 418 votes en leur faveur sur 4 061 735 comme total des votes exprimés (ce qui représente à peine 36,96% des voix). Ennahdha s’attendait à peser, au moins entre 2 500 000 et 3 000 000 de voix en Tunisie. En plus ils savent très bien qu’ils risquent d’avoir fait, cette fois, le plein de voix. Et pour causes :
1 - Ils ont récoltés les voix de leurs électeurs de référence. Leur noyau dur et leur premier cercle de sympathisants ;
2 - Ils ont récoltés les voix des citoyens « solidaires » et « reconnaissants » de leur véritable lutte contre la tyrannie de Ben Ali qui leur a causé souffrances, emprisonnements, tortures et parfois assassinats ;
3 - Ils ont récoltés les voix des gens qui voyaient en eux l’unique visage du changement et de la rupture avec l’ancien régime ;
4 - Ils ont récoltés les voix des gens qui voient en eux, évidemment à tort, les seuls protecteurs et défenseurs de l’islam et de la foi ainsi que notre identité arabo-musulmane ;
5 - Ils ont récoltés les voix des pauvres qui croient que, parce qu’ils sont « musulmans », ils vont améliorer leur situation en leur distribuant argent et donations à l’image de la « zakat » ;
6- Ils ont aussi récoltés les voix d’une certaine classe moyenne/supérieure qui croit en leurs moyens et compétences et qui estiment qu’il faudrait leur donner une chance pour voir ce dont ils sont capables ensuite les juger sur leurs résultats ;
7- Ils ont eu les voix de ceux qui croient, toujours à tort, qu’ils sont les garants de la moralisation de la vie sociale et de la vie politique après les dérives, la corruption généralisée, la voyoucratie, le clientélisme, les pertes de valeurs, les enrichissements illégitimes, le mépris du peuple, le banditisme, l’arrogance, … qu’on a connu sous l’ancien régime.
Mais maintenant, Ennahdha va gouverner. Et dans une année, ils vont êtres jugés uniquement sur leurs résultats. Seules leur noyau dur de la première catégorie est garanti. Les gens de la catégorie 2 à 7 sont très votants très volatils. Dans une année, il n y aura plus de votants par solidarité ou par croyance à un grand rêve ou par sympathie religieuse, … Seuls les résultats obtenus sur le terrain compteront. Et au vu de la conjoncture économique nationale et internationale, cette année risque de leur être extrêmement longue et pénible !!!
Alors pour les autres partis (qu’on est tenté d’appeler démocrates et progressistes mais qu’on ne le fera pas avant de voir si Ennahdha va agir de manière démocratique ou pas. On ne fera pas de procès d’intention avant de juger sur les faits), la démarche est claire. Il faut laisser Ennahdha gouverner seule et assumer entièrement le bilan de son action gouvernementale. Sinon et en cas de mauvais résultats, ils pourront toujours dire que c’était un gouvernement d’union nationale, que la responsabilité est partagée et que ce n’était pas de leur faute.
Par ailleurs, il faut éviter la dispersion des voix. Une analyse sur le tableau montre que 2 694 590 voix seulement ont été prises en compte pour l’octroi de sièges. Il y’a, donc, une perte de 1 367 145 voix perdues à la poubelle (4 061 735 total voix – 2 694 590 de voix ayant été comptées pour l’octroi de sièges). Oui vous avez bien lu, 1 367 145 voix à la poubelle presque autant que ce qu’a obtenu Ennahdha au total !!!!!!!!!!! Merci les indépendants, merci les petits partis et merci les égos surdimensionnés !!
Les adversaires d’Ennahdha doivent donc y aller en quelques grands blocs même chacun de son côté mais annoncer dès le départ qu’ils se mettront ensuite derrière un chef de file qui est celui qui obtiendra le plus grand nombre de sièges d’entre eux et cela afin de constituer le « bloc démocrate et progressiste ».
Les adversaires d’Ennahdha vont pouvoir puiser dans plusieurs réservoirs de voix :
- En s’organisant et en y allant de manière coordonnée et organisée (et surtout en laissant leurs égos gigantesques de côté. Ces égos de personnes qui se prennent chacun pour le nombril du monde), ils vont pouvoir mobiliser plus autour d’eux et récupérer une grande partie des 1 367 145 voix jetées à la poubelle ;
- Les adversaires d’Ennahdha vont pouvoir récupérer une partie insatisfaite des 1 501 418 votants pour le mouvement Ennahdha qui serait passé, entre temps, par l’épreuve usante du pouvoir. Ils ont suscités tellement d’espoirs qu’ils susciteront d’autant plus rapidement la déception et les désillusions ;
- Les adversaires d’Ennahdha vont pouvoir mobiliser une partie des abstentionnistes qui n’ont pas votés cette fois à savoir 3 507 489 électeurs (7 569 224 total votants en Tunisie – 4 061 735 qui ont votés pour la constituante). Ils y’a énormément à récupérer sur cette frange de personnes puisque la majorité des votants Ennahdha sont très mobilisés et disciplinés et qu’une écrasante partie d’entre eux a surement voté à l’occasion de la constituante.
Alors, il faut se mettre au travail dès maintenant et ratisser la Tunisie dans ses moindres recoins. Si avec tous ses atouts, les parties d’opposition perdront encore une fois dans une année, c’est qu’ils sont vraiment faibles et incompétents !!!!
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