[ندعوك للتسجيل في المنتدى أو التعريف بنفسك لمعاينة هذه الصورة]Des tréfonds
de Gafsa, du grand Sud tunisien, Nabiha Karaouli restitue rythmes et
voix d'un trésor patrimonial toujours captivant. Son concert, mardi
prochain, 20 juillet 2010 à Carthage, avec le parrainage de Groupama, se
veut un voyage à travers le temps. Une vraie voix d'opéra aux couleurs
de nos oasis et de nos dunes. Récit d'une soirée
féerique annoncée.Elles se comptent sur les doigts d’une seule main les chanteuses
tunisiennes qui parviennent à remplir les gradins de l’amphithéâtre de
Carthage en y présentant un répertoire personnel et authentique mais
ouvert et renouvelé. C’est à ce programme que nous convie
l’artiste-interprète tunisienne Nébiha Karaouli dans la nuit du 20
juillet prochain dans une soirée qui s’annonce mémorable.
Avec constance et détermination, Nébiha Karouali poursuit sa destinée
de femme artiste-interprète depuis qu’un soir de 1987, un certain
Anouar Braham la révèle au public tunisien dans « Passion de fleur ».
Les années ont passé, la passion est toujours intacte et la fleur n’en
finit pas d’éclore, prenant des formes mélodieuses et des couleurs
rythmiques étonnantes venues d’ici et d’ailleurs mais surtout de ce sud
gafsien, celui d’une nature rude et d’un peuple fort et fier de son
histoire et de ses origines.
«Je viens du sud et par tous les chemins j’y reviens », disait
l’autre. Nébiha puise ses forces et s’inspire du riche patrimoine
culturel de sa région natale qui aurait suffi à remplir sa carrière.
Mais, dit-elle avec assurance, « je n’aime pas la facilité ». C’est
pourquoi, elle ne cesse d’explorer d’autres univers musicaux jusqu’à
tendre vers une certaine forme d’universalité. On la voit encore se
promenant dans la campagne écossaise, à moitié voilée de rouge
accompagnée d’une cornemuse chantant Wéch avec cette insoutenable
légèreté de l’être qui nous fait oublier la singularité de ce mélange
des genres. Une sensation que l’on retrouve aussi en la voyant danser
sur des airs de flamenco, comme si elle avait toujours fait çà...
Toujours à l’aise, trouvant l’expressivité et la gestuelle qui font
que ses chansons sont un spectacle complet d’interprétation vocale et
théâtrale, dans une séduction qui reste pudique, mais qui se devine à
travers la voix, profonde, le geste et le regard, « les lettres meurent
lorsqu’elles sont dites » disait le grand Nizar El Kabani.
Déjà jeune lycéenne, Nébiha épatait ses camarades par sa manière de
lire les vers des grands poètes arabes, un don qu’avait déjà décelé son
professeur d’arabe. Mais c’est en français que la jeune gafsienne
orientera ses études universitaires, entamant ce qui allait être une
constante dans son parcours : l’appel au dialogue et à l’ouverture vers
les autres. Trouvant finalement sa voie à l’Institut Supérieur de
Musique, elle y choisit l’école orientale tout en s’initiant au chant
d’opéra et aux instruments occidentaux, toujours dans la quête de
l’enrichissement par la différence. L’école de la vie lui permettra de
parfaire sa formation et elle côtoiera les plus grands, accompagnant
Cheikh Imam dans sa tournée tunisienne de 1984, chantant sur des textes
d’Ali Louati et une musique d’Anouar Brahem en 1987, suivant les
conseils de Mohamed Driss, « j’ai eu de la chance », dit-elle
reconnaissante.
Son mariage lui permettra également d’ouvrir ses horizons vers
d’autres pays mais l’appel des origines sera le plus fort. Telle une
ancre, il la ramène vers cette Tunisie qui l’habite, qu’elle porte dans
ses chansons, qu’elle nous fait redécouvrir dans un style bien à elle,
proche et familier, moderne et renouvelé. « Tu es différente », lui
disait le producteur libanais Simon Asmar.
Cette différence qui captive l’attention du public, Nébiha Karaouli
la doit à une personnalité forte mais d’une sensibilité à fleur de peau
qui transparaît à travers les paroles de ses chansons qui évoquent les
attentes exaltées de l’être aimé, les jalousies passionnelles, les
séparations affectives. Des sujets chargés d’émotion dramatique que
Nébiha enveloppe d’une gestuelle ironique où la victime prend de la
hauteur, pleure tout en gardant un sourire malicieux, demande des
comptes avec un air railleur déstabilisant. Ainsi sont faites les femmes
du sud, fidèles et passionnées mais toujours fières, toujours debout
comme le palmier de ces oasis qui, même mort, ne plie pas.
Cette grande diva de la chanson arabe est aussi une femme souriante,
modeste, proche des gens, respectueuse de son métier, de son public et
des autres artistes de la place. Une image éloignée des clichés qui
voient dans la classe qui la distingue dans son interprétation, son
allure et ses tenues un signe de sérieux et de rigidité. Et s’il lui
arrive souvent d’être emportée par son art, d’entrer en transe au cours
de ses spectacles, c’est toujours avec retenue et grâce, en vraie
professionnelle qu’elle est…
Anissa Ben Hassine