Au cours de mon voyage en France en 2009, j’ai lu dans l’un des journaux mis à la disposition des usagers du métro, un petit article fort poignant.
Il se trouve que quelque part en France, une femme a épousé un homme mort depuis une année. Et oui, elle l’a épousé à titre posthume. La cérémonie s’est déroulée dans une église, la femme a porté la robe blanche, elle a attaché l’alliance de son feu mari à son collier, elle a déposé un bouquet de fleurs sur sa tombe, puis elle est rentrée veuve chez elle. Pour ceux qui se soucient de l’aspect légal de ce mariage, ils sauront en se référant à la législation française que celle-ci autorise depuis 1959, sous certaines conditions, ce type de mariage mais en aucun cas, il ne confèrera de droit matériel au conjoint survivant.
A l’instant, il m’est venu à l’esprit cet esclave « noir » (*) qui a vécu dans une autre époque et qui a répondu, sans hésiter, à l’appel de l’au-delà. Lui qui n’avait connu que la vie de servitude et les idoles faites de pierres.
Du moment aussi, mon esprit a été hanté par l’image des masses s’immobilisant devant les prêcheurs satellitaires, versant larmes chaudes, poussant soupirs fiévreux et pendant leurs cerveaux aux ficelles vénéneuses tendues par ces prêcheurs en croyant chercher le salut dans des recettes composées de gestes et de formules textuelles. Eux qui ne sont pas prêts à croire au-delà du palpable dans leur exercice de l’être-au-monde.
Beaucoup ne verront au fil des lignes ni analogie ni antinomie.
Moi, je les perçois nettes.
(*) Il s’agit de Bilal Ibn Rabah (Bilal Al Habashi), l’un des tous premiers convertis à l’Islam, alors religion nouvelle nommée l’appel (addaoua). Sa persistance sur sa conviction et sa patience envers la torture sont restées dans les annales de l’histoire de l’Islam. Il aurait dit à Omayyah Ibn Khalaf son maître qui a usé de la torture violente pour le porter à renier sa foi : « Je ne crains pas d’affirmer ma foi. Je n’ai nulle intention de l’abjurer. Je suis ton esclave mais je reste libre de choisir ma croyance ». Bilal sera devenu l’un des grands compagnons du prophète qui l’a chargé à Médine de lever le premier appel à la prière (Adhân).
Walid CHERIF