Après la libération du contenu, c'est autour de la technologie de connaitre sa révolution. La priorité est à la suppression du monopole des FSI (y compris l'ATI) sur les services internet. Ailleurs, ceux que nous appelons Fournisseurs de Services Internet sont appelés Fournisseurs d'Accès à Internet. Chez nous, ils font plus que vendre l'accès à l'internet.
Kamel Saadaoui, ancien PDG de l'ATI jusqu'à début février, aujourd'hui président de l'Instance Nationale de Télécommunication, nous a affirmé qu'il souhaitait en finir avec ce monopole.
"Nous avons déja demandé au ministère d'autoriser la création des métiers d'hébergeur de registrar", présice-t-il.
C'est une bonne nouvelle pour le web tunisien, jusque-là a honteusement ancestral, très loin des normes internationales, de qualité ridicule, à restrictions injustifiées et à prix exorbitants. Les 100 Mo d'hébergement étaient facturés à 100 dinars par année.
Chez l'un des FSI que nous avons essayé, la fonction mail de PHP n'était pas opérationnelle. Impossible aussi au serveur de communiquer avec d'autres, comme pour se connecter aux API (application programming interface), des applications largement utilisées dans le monde.
Un autre fournisseur d'accès, chez qui ces deux fonctionnalités sont opérationnelles, active le mode sans échec de PHP soit-disant pour la sécurité. Imposant ainsi plusieurs restrictions ennuyeuses qui ont pour finalité la désactivation de fonctions nécessaires.
Que des règlementations imposées par amateurisme et dogmatisme. Rien n'était fait aux normes et pour cause: Les FSI ont d'autres priorités notamment la gestion de leur parc d'abonnés ADSL.
Heureusement, le marché a pu s'ouvrir. OVH, l'hébergeur français affiche maintenant sur son site (ovh.com/tn) des prix en Dinars avec possibilité de paiement par virement bancaire. Une ligne téléphonique tunisienne est mise à disposition pour le support. 25 Go pour moins de 60 dinars par an : sacrée révolution ! L'hébregement dédié ou VPS ( virtual private server) sont, aussi, à prix raisonnable.
Cette révolution technologique devra donc, sous peu, permettre l'apparition de nouveaux métiers. Des sociétés spécialisées dans l'hébergement web. Cette spécialisation relèvera la qualité au niveau international et, avec la main-d'œuvre et les avantages fiscaux qu'offre la Tunisie, les prix baisseront encore plus bas qu’à l'international.
Les Bureaux d'enregistrement spécialisés dans la vente et la gestion des noms de domaine et communément connus sous l'appellation anglaise Registrar, étaient aussi monopolisés par les FSI. À 50 dinars HT/an, le nom de domaine est vendu bien plus cher qu'à l'international.
Ce qui sera intéressant à ce niveau, c’est le développement du .tn et le (تونس.).
Ces domaines tunisiens, vendus aujourd'hui à 32 dinars HT étaient très bridés. Si l'impossibilité d'héberger ces domaines à l'étranger a été levée, bureaucratie oblige, leur gestion par l'utilisateur est toujours impossible. L'ATI développe en ce moment une solution de vente en ligne des domaines, mais la véritable révolution aura lieu quand des sociétés privées s'y mettront.
A ce propos, Kamel Saadoui accusait les FSI de mettre les battons dans les roues du .tn. Selon lui, l'ATI a réduit sa part du gâteau de 33 à 10 dinars, mais les FSI n'ont pas suivi la baisse, s'appropriant ainsi une plus grande marge.
Ces deux nouveaux métiers permettront de développer le marché tunisien avec la création de dizaines, voire de milliers d'emplois. Il sera très intéressant pour le monde et surtout l'Europe de voir l'apparition de Data Centers en Tunisie profitant de notre main d'œuvre locale.
Sous Ben Ali, l'on se félicitait de l'installation des grosses boites étrangères du monde High Tech, mais ce n'était que de simples services après vente. C'étaient des pauvres centres d'appels employant des diplômés capables de faire bien plus. La Tunisie pourra enfin être une destination pour la délocalisation de la technologie.