La guérilla électorale a commencé sur Facebook. La page Tunisie, forte de ses 735 000 fans a mis
le parti Ennahdha dans sa ligne de mire. Les sympathisants du parti
politique lancent à leur tour une contre-offensive tous azimuts. Mais
dans un contexte où les «mondassines» pullulent, gare aux dérapages !Imed Amri , est l'admin d'une page
Facebook. Mais de n'importe laquelle. Il s'agit de l'une des pages
Facebook les plus suivies, et les plus influentes du pays, puisqu'elle
compte plus de 735 000 fans. Autant dire que les commentaires postés sur
cette page sobrement intitulée «Tunisie»
ont immédiatement un retentissement fracassant. Seulement voilà : M.
Amri s'est lancé dans une diatribe anti-ennahdha particulièrement virulente.
«C'est bon, j'arrête de me taire, On n'a pas enlevé Ben Ali pour qu'Ennahdha
vienne maintenant me faire taire » écrit-il. Il pousse même plus loin le
bouchon, en remettant même en cause la religion des militants de ce
mouvement. Il se permet ainsi de clamer : «On dirait qu'ils ne sont pas
du tout musulmans. Voici l'occasion historique d'Ennahdha pour qu'elle
puisse s'assainir de ceux qui feignent d'appartenir à l'islam et qui
souhaitent introduire le colonisateur Qatari». Ces phrases ont été
postées sur le mur de la page fan Facebook Tunisie,
par Imed Amri lui-même, l'administrateur de la fameuse page.
Mais il n'aura pas fallu attendre
longtemps pour voir réagir en fanfare, les sympathisants du mouvement
politique d'inspiration islamique. Les déclarations de M. Amri,
(titillant les limites de la diffamation) lui ont valu près d'un millier
d'insultes proférées à son encontre. Deux pages fans intitulées anti page Tunisie
et La jeunesse du Parti Ennahdha qui n'a pas dormi une nuit suite aux
déclarations d'Imed Amri ont même spécialement été créés dans le but
d'attaquer le facebookeur, qui est actuellement l'objet d'une campagne
de dénigrement on ne peut plus agressive sur le réseau social.
Paradoxalement, on remarque également
qu'un bon nombre d'internautes ont cliqué sur « j'aime » preuve que les
homélies de l'accusé n'a pas eu que des détracteurs. A commencer par le
média en ligne Babnet qui a aussitôt dénoncé cette campagne
d'intimidation à travers la publication de l'article
«
من انتقـد النهضة..فهو كافر.كافر.كافر ».
Il a ainsi rappelé le fait qu'il était injuste de remettre en
question l'appartenance à l'Islam d'un individu (en le traitant d'athée,
de mécréant, ou encore de sioniste), juste parce qu'il a osé exprimer
sa propre opinion à propos d'un mouvement politique comme les autres. Et
à cet égard, aucun parti quel qu'il soit, fusse-t-il Ennahdha, ne peut
prétendre échapper à la critique. L'auteur s'étonne même de cette «
hystérie collective qui a apparemment réussi à rassembler toute une
armée qui prétend défendre les préceptes de l'Islam». Faut-il pour
autant attribuer tous les propos publiés sur ces pages à Ennahdha ? Tous
les internautes de Tunisie savent bien qu'il est possible à n'importe
qui de faire partie des fans de n'importe quelle page et d'y publier
tout ce qui lui passe par la tête.
Il est clair qu'un parti politique qui
se respecte, doit savoir imposer la discipline à ses troupes. Sauf que
sur Facebook, les sympathisants sont difficiles à contrôler. Et dans un
contexte où les «mondassines» pullulent et s'infiltrent gaiement dans
les rangs des uns et des autres, difficile d'identifier clairement à qui
appartiennent tels ou tels propos. En clair : des propos extrémistes
peuvent être tenus par certaines parties, voulant se faire passer pour
Ennahdha, dans le but de la discréditer. Pis : l'intox risque de se
répandre et de semer la zizanie parmi les Tunisiens, par le biais de
Facebook. A cet égard, les réseaux sociaux, qui s'annoncent comme
l'invité surprise des prochaines élections, risquent de provoquer bien
des dérapages incontrôlés.
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