عفوا رغم أنف الجميع ، العمال هم الحل

124 ans de 1er mai : Diminuer le temps de travail : un combat plus actuel que jamaisLe combat pour la réduction du temps de travail, symbolisé par la fête du travail le 1er mai, a pu faire reculer le patronat. Mais aujourd’hui, il revient à la charge.Herwig Lerouge Travailler plus longtemps alors qu’une diminution du temps de travail permettrait des embauches supplémentaires et plus de temps à passer en famille ?Au 19ème siècle, les patrons voulaient avoir à leur disposition les travailleurs 16 heures par jour, six jours par semaine et ne leur accorder comme repos que ce qu’il fallait pour reconstituer leurs forces. « Le temps est le champ du développement humain. Un homme qui ne dispose d’aucun loisir, dont la vie toute entière, en dehors des simples interruptions purement physiques pour le sommeil, les repas, etc., est accaparée par son travail pour le capitaliste, est moins qu’une bête de somme », dénonçait Karl Marx. « C’est une simple machine à produire de la richesse pour autrui, écrasée physiquement et abrutie intellectuellement. Et pourtant, toute l’histoire de l’industrie moderne montre que le capital, si on n’y met pas d'obstacle, travaille sans égard ni pitié à abaisser toute la classe ouvrière à ce niveau d’extrême dégradation. »1La Première Internationale de Marx et Engels proposa, à son congrès de 1866, de mener une lutte internationale pour la journée de huit heures. Elle fut poursuivie, à partir de 1890, lors de la journée internationale du travail, le 1er mai.Et cette revendication jugée par le patronat « criminelle », « menant à la faillite » et « irréaliste », s’est réalisée en Europe et aux Etats-Unis grâce à une lutte de plus d’un demi-siècle.Le combat continueAujourd’hui, le conflit entre le capital et le travail dans la lutte pour le profit et la répartition des richesses se reflète une fois de plus dans la question du temps de travail.D’un côté, le patronat réduit brutalement le temps de travail, voire le supprime pour beaucoup. La crise économique jettera à nouveau au moins 8 millions de travailleurs dans la misère. Le temps de travail baisse pour d’autres, mais selon le bon vouloir des patrons : extension des temps partiels, jobs flexibles avec horaires coupés. Et qui dit « temps partiel » dit aussi « salaire partiel ». La FEB veut aussi casser le statut des employés afin de pouvoir les licencier plus facilement.De l’autre côté, ceux qui ont un boulot temps plein voient leur temps de travail s’allonger : 72 % des Belges prestent des heures supplémentaires et pour 65 % de ces travailleurs, elles ne sont pas rémunérées.Ensuite, la durée légale de travail pourrait s’allonger. L’Union européenne a adopté un projet sur le temps de travail qui permet d’augmenter le maximum hebdomadaire autorisé de 48 heures jusqu’à 65 heures, voire 78 heures dans certains cas !Enfin, par l’allongement de la carrière dans le temps. Partout en Europe, l’âge légal et effectif de la retraite est reporté (67 ans en Allemagne, Pays-Bas, Espagne,…)La tendance historique à la réduction de la durée légale du temps de travail subit un net ralentissement depuis plusieurs années. Il y a même une augmentation réelle du temps de travail dans le quotidien pour de plus en plus de salariés. Pour l’Europe des Quinze (l’Union européenne avant l’adhésion des pays de l’Est), il apparaît qu’entre 1999 et 2007, le temps de travail fixé par voie d’accords a diminué légèrement (2,1%), passant de 38,6 heures à 37,8, et se stabilise depuis 2003. Mais, par contre, en termes de temps de travail réellement presté, la tendance est à la hausse puisque entre 2006 et 2007, les Européens ont travaillé 1,4 heure de plus en moyenne. C’est l’absurdité du système économique actuel : certains travaillent comme des fous, abîment leur santé alors que d’autres sont contraints à ne rien faire et sont sans revenus.Face à cette situation, le monde du travail défend la revendication de la réduction du temps de travail, sans baisse de salaire, qui reste une des pistes les plus intéressantes pour créer de l’emploi et améliorer les conditions de vie des travailleurs. Ainsi que le maintien des systèmes actuels de pension et prépension pour permettre aux jeunes d’accéder au marché du travail. Autant de raisons de manifester le 1er mai.Une vieille chanson patronale« Le raccourcissement de la journée de travail ne peut se combiner avec le maintien et, moins encore, avec l’accroissement de productivité du travail (…). Toute réduction de production provoque fatalement une augmentation du prix de revient. Or, dans un pays qui, comme la Belgique, exporte 60 à 70% de sa production (…) la question du plus bas prix de revient est, pour nos industries, une question de vie ou de mort. Comment nos entreprises lutteront-ils contre la concurrence étrangère, non seulement sur les marchés extérieurs, mais sur le marché intérieur lui-même (…). »Cette citation est-elle du patron des patrons Thomas Leysen ? Non, elle date de 1907, de la bouche du directeur de Cockerill.Le discours patronal pour s’opposer à la réduction du temps de travail n’a pas évolué depuis le début du 19e siècle. Les arguments sont toujours la survie de l’économie belge qui, étant tournée vers l’exportation, se doit de rester compétitive face à ses voisins, notamment la France et l’Allemagne, et ne peut donc voir ses coûts de production augmenter.