Salafistes et fiers de l’être, les membres du parti Ettahrir (Libération)
affichent désormais leur projet de société régie par la chariaâ. «Une
fois arrivés au pouvoir, nous allons interdire tous les autres partis»,
affirment-ils sans ciller?
Vaste projet en perspective, et qui menace, avant même d’exister,
d’annuler tous les autres. Les Tunisiens sont donc prévenus: le projet
de société démocratique et progressiste qu’ils ont payé par le sang de
leurs enfants risque d’être phagocyté par des groupuscules de
dogmatiques et d’illuminés.
La chariaâ en guise de loi
Ridha Belhadj, porte-parole officiel de Hizb Ettahrir, a rappelé, dans un
point presse tenu jeudi à Tunis, les fondamentaux idéologiques de son
parti, qui vient de sortir de la clandestinité à la faveur de la chute
de l’ancien régime et de la libération de l’expression politique induite
par la révolution tunisienne.
Le parti Ettahrir préconise «la
souveraineté de la oumma islamique», considère le califat comme le
régime le plus approprié et la chariaâ comme l’unique loi viable pour la
Tunisie et le reste du monde islamique.
M. Belhadj nous apprend
aussi que son mouvement va soumettre un nouveau projet de Constitution
tunisienne à l’Assemblée nationale constituante, qui sera issue des
élections du 24 juillet prochain.
Le parti Ettahrir, qui va se
présenter à ces élections, afin de faire connaître ses positions et de
demander des comptes au gouvernement, ne cache pas son ambition de
prendre un jour le pouvoir, même au prix d’un mouvement de désobéissance
civile, et d’interdire aussitôt les partis politiques. Car ses membres
ne croient à la démocratie qu’en tant que moyen pour accéder au pouvoir.
Cela nous promet des lendemains qui chantent…
Où allons-nous?
M. Belhadj, dont le mouvement a
été soupçonné d'avoir organisé, début février, une manifestation devant
la synagogue de l’avenue de la Liberté à Tunis, ce qu'il a démenti se
déclarant pour le respect des religions, ne se pose pas de questions sur
l’état d’esprit de la majorité des Tunisiens et sur leur disposition à
mettre en danger leurs acquis économiques et sociaux en courant derrière
des chimères idéologiques.
On peut reprocher M. Belhadj ses idées
rétrogrades. On doit néanmoins lui reconnaître une qualité: la clarté.
Lui, au moins, n’y va pas par quatre chemins. Il dit haut et fort où il
compte nous mener… Autant dire dans le mur. A nous donc de savoir où
nous allons. Nous avons, pour la première fois dans notre histoire, la
possibilité de nous exprimer dans une élection libre et transparente.
Sachons mettre notre avenir, et celui de nos enfants, entre de bonnes mains.
Ridha Kéfi