Libye, le Fukushima de la guerrepar Manlio Dinucci Alors que le bâton de commandement du « Protecteur unifié » (nouveau nom de
la guerre) passe des mains du général étasunien dirige le Commandement
Africa à celles de l’amiral étasunien dirigeant de l’Alliance
atlantique, l’OTAN annonce que son objectif est de «protéger les
civils et les zones peuplées de civils ». Ceci s’accomplit en lançant
sur la Libye des centaines de missiles Tomahawk, dont la majorité ont
une tête à l’uranium appauvri qui provoque des effets désastreux sur la
santé et l’environnement (voir l’étude du professeur M. Zucchetti).
Les missiles sont lancés des navires mais aussi depuis des sous-marins
nucléaires : parmi lesquels trois étasuniens (Providence, Floride et
Scranton) qui, après avoir transité par Naples,
utilisent comme base le port d’Augusta (en Sicile). Ils ont à leur bord
des réacteurs nucléaires, plus dangereux que ceux qui ont provoqué la
catastrophe de Fukushima.
Ils disposent en effet de systèmes mineurs de sécurité, sont
majoritairement sujets à des accidents, et produisent une pollution
radioactive dans leur fonctionnement normal. Ces réacteurs nucléaires,
qui n’obtiendraient pas de licence de fonctionnement par les autorités
civiles, entrent pourtant dans les ports italiens. D’autres têtes à
uranium appauvri se trouvent sur les bombes Jdam, d’une tonne. Les
bombardiers stratégiques B-2 Spirit, qui partent du Missouri pour
attaquer Tripoli
(à plus de 10.000kms de distance), en portent chacun 15 : lancées à
environ 50kms de distance, les bombes planent sur les objectifs. Elles
sont aussi utilisées par les bombardiers stratégiques B-1B Lancer, qui
partent de Moròn en Espagne pour lancer chacun des dizaines de Jdam.
S’y ajoutent les projectiles à uranium appauvri que les avions étasuniens
A-10 Thunderbolt (Foudre) et A-130 Specter (Spectre) utilisent pour
ouvrir la route aux insurgés. Le premier a un canon Avenger (Vengeur) à
sept tubes rotatifs de 30mm : il tire 3.900 projectiles à la minute,
soit à uranium appauvri, soit incendiaire à capacité explosive élevée
[1]. Le second, la « canonnière volante », est le
système d’armes aérien le plus complexe au monde : par des systèmes
sophistiqués de viseur, il tire simultanément avec 6 canons, dont deux
de 105 mm et un, le Vulcan (Vulcain), qui tire 6 mille projectiles à la
minute
[2].
L’emploi de l’uranium appauvri à but militaire offre de multiples
avantages : d’une part, il évite la dépense nécessaire pour le traiter
et le conserver comme déchet radioactif après qu’il ait été utilisé dans
les réacteurs nucléaires ; d’autre part, il permet de construire des
têtes et projectiles avec un matériau à faible coût (quelques dollars au
kilo). De plus, il est très efficace pour construire des têtes et
projectiles pénétrants, qui percent du ciment armé et des blindages et,
en explosant à l’intérieur, développent des températures de plusieurs
milliers de degrés. Et c’est justement cela qui va générer les grains de
poussière radioactifs qui provoquent des tumeurs et malformations même
pour les générations successives. Il n’est pas exclu que l’uranium
appauvri des bombes qui sèment la mort en Libye ne provienne aussi des
réacteurs de Fukushima, qui sèment la mort au Japon. Le bâton de commandement est toujours celui du «Protecteur unifié ».
Edition de mardi 29 mars 2011 de il manifesto
http://www.ilmanifesto.it/Quotidiano-archivio/29-Marzo-2011/art20.php3
Traduit de l’italien par Marie-Ange Patrizio[/center]