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 Tunisie: "Personne ne veut revenir à la case départ"

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كاتب الموضوعرسالة
tahar

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عدد المساهمات : 897
تاريخ التسجيل : 26/02/2010

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مُساهمةموضوع: Tunisie: "Personne ne veut revenir à la case départ"   Tunisie: "Personne ne veut revenir à la case départ" Icon_minitimeالإثنين 23 يوليو 2012 - 12:33

Le succès du parti islamiste Ennahda signe-t-il l'échec de la révolution tunisienne? Pour Pierre Vermeren, Professeur d'histoire du Maghreb contemporain à l'université Paris 1, il est trop tôt pour discréditer le changement amorcé en janvier 2011.

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Malgré la richesse des nouvelles en provenance de Tunisie, reflet du très vif bouillonnement intellectuel et politique qui anime ce pays depuis 2011, une petite musique tente de discréditer "la révolution tunisienne" de janvier 2011, évènement fondateur du "printemps arabe".
Les accusations fleurissent sur fond d'un désenchantement bien réel dans ce pays. Cette révolution n'en aurait pas été une. Elle aurait trahi son message et masqué un coup d'Etat, voire un complot américano-sioniste! En tout état de cause, elle aurait conduit à une série de catastrophes, redonné la main aux islamistes, nourri le salafisme et conduit au chaos économique. Au-delà des frontières du pays, elle aurait provoqué un cataclysme régional, allant de l'élection d'un président islamiste en Egypte à la dispersion des armes de Kadhafi au Sahel.
Cette "révolution" n'aurait satisfait que les naïfs et les idiots utiles de l'islamisme. Telle est l'antienne des tenants de l'ordre autoritaire ancien. D'un côté, les régimes "arabes" restés en place jouent l'effondrement de l'expérience démocratique tunisienne; de l'autre, les monarchies wahhabites du Golfe poussent leurs pions pour une révolution islamique, sunnite et wahhabite.
Bien des spécialistes avaient annoncé la mort de l'islam politique et la victoire de régimes autoritaires inébranlables.Pourtant, au-delà des péripéties politiques et du désenchantement, l'histoire récente a montré la fragilité de ces prédictions, et les réalités suivantes:
1. Les régimes autoritaires arabes peuvent s'effondrer comme des jeux de cartes
2. L'opinion islamiste est le premier courant d'opinion régional, oscillant entre 37,5% (Tunisie) et 70% (Egypte) dans la moitié de la population qui vote
3. Les aspirations démocratiques en faveur des libertés publiques travaillent en profondeur ces sociétés, même si elles peinent à trouver une incarnation partisane
4. Les monarchies wahhabites du Golfe (Arabie et Qatar) qui ont encouragé cette contagion révolutionnaire via Al Jezira, espèrent en recueillir les fruits en épaulant les forces islamistes (Frères musulmans pour le Qatar, salafistes pour les Saoudiens).
On peut certes avoir l'illusion que l'équation est la même qu'il y a vingt ans: militaires contre islamistes. Or les évènements de 2011 ont radicalement changé la donne, en faisant émerger de nouvelles forces politiques contestataires aspirant à la dignité. En Tunisie plus qu'ailleurs, ces forces ont des chances de réussir leur pari à court ou moyen terme. Pour s'en convaincre, il suffit de lire sur Internet la richesse inégalée du débat public tunisien, le débat politique étant devenu une véritable passion des Tunisiens libérés.
Sans répudier l'islam, présent dans la constitution tunisienne depuis Bourguiba, les forces libérales (au sens politique du terme) veulent construire un Etat de droit pluraliste et démocratique. Or l'équilibre des forces est réel en Tunisie, où les libéraux sont ancrés dans la société: une partie de la jeunesse et des femmes, la majorité de la classe moyenne et des fonctionnaires, la grande majorité des syndicalistes, des étudiants, des élites et de la bourgeoisie. Cette réalité sociologique est le produit de l'Histoire.
C'est l'inorganisation politique des forces libérales, démocratiques et de gauche qui a offert la victoire aux islamistes. Après des décennies de répression et de souffrance, ces derniers se sont emparés, en octobre 2011, de la majorité de l'Assemblée et du gouvernement, la main sur le coeur. Leur programme consiste bien à "ré-islamiser" une Tunisie qu'ils jugent défaillante.
Pourtant, derrière le désenchantement, le processus constitutionnel tunisien est sur les rails, la société travaille et les espérances de janvier 2011 sont en passe d'être honorées. Certes, une crise économique terrible tenaille le pays et aggrave le chômage. Mais en mars 2013, des élections générales auront lieu, la IIe République sera proclamée. Même si elle gagne ces élections grâce à la rancoeur et à la pauvreté des dominés, Ennahda devra rendre des comptes sur une gouvernance qui n'est pas brillante.
Certes, des menaces directes pèsent sur ce processus vertueux. Les puissances du Golfe n'ont aucune envie qu'une démocratie libérale s'installe au coeur du monde arabe: elles ont orchestré dans ce pays une véritable noria de penseurs islamistes. Toutes les têtes de l'islam politique sunnite mondial ont défilé à Tunis. Tarek Ramadan y a même été sévèrement tancé par les libéraux tunisiens, et notamment par le vieil islamologue Mohammed Talbi.
Mais l'offensive la plus radicale est venue des salafistes qui, par des actions violentes ou d'éclat, tentent de peser sur la scène religieuse et politique nationale. Subventionnés depuis l'étranger, ils recrutent dans les rangs de la jeunesse la plus défavorisée, qui, sous la houlette de quelques idéologues, s'en prend aux signes extérieurs d'une modernité artistique jugée athée. La destruction d'oeuvres d'art moderne à Tunis fait échos aux destructions de Tombouctou.
Cette offensive salafiste est le signe d'une grande nervosité d'acteurs extérieurs désireux d'enrayer le processus politique à l'oeuvre. Longtemps, les nahdaouistes au pouvoir ont feint d'ignorer la menace, plaisantant sur le côté excessif des jeunes exaltés. Mais la réalité les a rattrapés, plombant leurs relations avec les autres forces politiques du pays.
Cette bataille idéologique et politique oppose deux visions de la société tunisienne, de son mode de vie, et du monde. D'un côté, une Tunisie fondamentaliste, désireuse de s'intégrer à la nébuleuse sunnite dirigée par l'Arabie Saoudite et la Turquie d'Erdogan. De l'autre, une Tunisie musulmane attachée au pluralisme politique, intellectuel et culturel, soucieuse de préserver les libertés individuelles chèrement acquises sous Bourguiba (pour les femmes) et par la Révolution (liberté d'expression et d'opinion).
Une confrontation aura lieu. Elle a commencé par voix de presse, de controverses et de procès. Si le processus politique est respecté et que les jusqu'au-boutistes n'engagent pas le fer, elle restera sous contrôle. Mais les libéraux ne se laisseront pas dépouiller de leur révolution, et personne ne veut revenir à la case départ.
Ennahda, pressée par la crise économique, a-t-elle intérêt à fortifier l'Etat de droit contre les extrémistes, ou à rester dans l'ambiguïté et offrir des compensations idéologiques, faute de progrès matériels et sociaux? Dans l'autre Tunisie, la construction d'une alternative politique crédible devient impérative.
Dans ce combat incertain, l'Europe a un rôle crucial à jouer. Certes, le potentiel économique de ce petit pays n'est pas très attrayant. Mais la Tunisie est le premier "pays arabe" devenu provisoirement, mais réellement, libre, au nom des idéaux que l'Europe pensait siens. Or elle joue un rôle des plus modestes, laissant la place à des manoeuvres et à des capitaux qui jouent contre ses intérêts et contre une Tunisie ouverte. Si cette expérience sans équivalent avortait, une nouvelle génération devrait reprendre le métier... Puissent les décideurs européens, absorbés par la crise économique, en être conscients.

Par Pierre Vermeren, Professeur d'histoire du Maghreb contemporain à l'université Paris 1.



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