علياء المهدى فتاة مصرية عارية بالإنترنت من أجل حرية المرأة في الحب والمتعة
En posant nue sur son blog, Aliaa Magda el-Mahdy voulait défendre
les droits des femmes dans une société conservatrice où l'islamisme
semble progresser. Mais elle pourrait avoir desservi sa cause.
Explications.
Elle s'appelle Aliaa Magda el-Mahdy. Sur son blog créé en octobre, le
Journal d'une rebelle, la jeune Egyptienne de 20 ans poste sous son vrai nom. Et elle le revendique. Rien de révolutionnaire dans l'Egypte post-Moubarak... Sauf quand il s'agit de mettre en ligne des photos de nus.
Capture d'écran du blog d'Aliaa Magda Elmahdy
Sur sa photo en noir et blanc, ravivée par ses ballerines
rouges et une fleur dans les cheveux, rouge elle aussi, la jeune fille
plonge ses yeux dans l'objectif. Sur Facebook, elle lance un "cri contre une société de violence,
de racisme, de sexisme, de harcèlement sexuel et d'hypocrisie". "On
considère toujours la femme comme un objet sexuel dans notre société",
déplore-t-elle. De fait,
Global Voices souligne que 83% des femmes égyptiennes déclarent avoir été victimes de harcèlement sexuel. Un des derniers exemples en date: l'affaire des tests de virginité imposés à des manifestantes de la place Tahrir.
Le tabou de la nudité dans l'art, dans une société
conservatrice où le discours salafiste continue de prospérer, pèse
visiblement à la blogueuse. "Condamnez les modèles qui posaient nus à la
faculté des beaux-arts du Caire au début des années 1970, censurez les
livres artistiques, détruisez les statues archéologiques...
Déshabillez-vous ensuite et regardez-vous dans un miroir. Brûlez ces
corps que vous détestez tant et débarrassez-vous de vos complexes
sexuels avant de m'insulter et m'empêcher de m'exprimer librement",
écrit-elle sur son blog.
Courageuse ou folle?
Avec plus d'1,6
million de clics sur son site et plus de 3000 commentaires sur son post,
le "cri" de la jeune femme n'est pas passé inaperçu. Mais sa démarche
n'a sans doute pas eu l'effet escompté: rares sont ceux qui saluent son
action. Un militant pour les droits de l'homme, Ahmad Awadalla salue sa "bravoure"
sur Twitter, alors que beaucoup la qualifient de "folle" qui devrait
"avoir honte", parlent de "prostitution" et appellent les autorités à la
sanctionner.
C'est très choquant pour l'immense majorité des Égyptiens
"À titre personnel, je respecte totalement sa démarche et je ne
vois pas ça comme une provocation, mais il faut reconnaître que c'est
très choquant pour l'immense majorité des Égyptiens", commente Shahinaz
Abdel Salam, blogueuse égyptienne citée par
Le Figaro, et que LEXPRESS.fr avait rencontrée récemment pour la sortie de son livre
Egypte, les débuts de la liberté, où elle évoque longuement la place des femmes dans la société égyptienne.
Etudiante en sciences politiques à l'Université américaine du
Caire, Aliaa Magda el-Mahdy n'est pas une totale inconnue parmi les
militants du Web égyptien. "Athée, libérale, végétarienne et
individualiste", selon profil sur Twitter, elle est la compagne de Kareem Amer,
un célèbre blogueur égyptien poursuivi par la justice dans l'Egypte
d'Hosni Moubarak pour avoir "porté atteinte à l'islam" et libéré fin
2010 après trois ans de prison. "Il est aussi apparu que la jeune femme
est également à l'origine de la page Facebook appelant les hommes à se voiler en guise de solidarité avec les femmes", rappelle
L'Orient Le Jour. Une provocation contre-productive?
Sa dernière initiative en date "a suscité une telle vague d'indignation"
dans les milieux islamistes et conservateurs "que les libéraux craignent
d'en subir le contre-coup dans les urnes" dans les semaines à venir, écrit le
New York Times. L'approche des élections législatives anticipées du 28 novembre ravive
en effet les tensions toujours présentes entre les deux tendances. "Des
mouvements islamistes vont tenter d'en profiter, se posant comme les
protecteurs de la société", de la morale et de la vertu, avertit Emad
Gad, candidat pour le parti social-démocrate cité par le quotidien américain.
Nouvelles manifestations ce vendredi Il y a une cause qui rassemble les formations islamistes et les formations laïques libérales: exiger que l'armée transfère au plus tôt le pouvoir aux civils
et dénoncer un projet accusé de permettre aux militaires de garder des
privilèges. C'est le mot d'ordre de la manifestation de ce vendredi sur
la place Tahrir au Caire, où des dizaines de milliers de personnes
affluent, dix jours avant les premières élections législatives qui
doivent débuter le 28 novembre pour s'étaler sur près de quatre mois. D'autres slogans appellent le président syrien Bachar al-Assad à cesser la répression et à quitter le pouvoir à Damas.
Du coup, plusieurs figures libérales ont jugé de bon
d'intervenir à la télévision pour se dissocier totalement de l'action
d'Aliaa Magda el-Mahdy. Le laïc Sayyed el Qimni est passé dans le
talk-show populaire "90 minutes" pour regretter ce "désastre" mercredi
soir. Et Tarek al-Kholi, porte-parole du mouvement du 6 avril, a précisé
qu'elle n'entretenait aucun lien avec son groupe qui est en grande
partie à l'origine des manifestations de la place Tahrir
au printemps. "Nous encourageons nos membres à être des modèles
d'éthique. Comment pourrions-nous accepter un membre qui agit de la
sorte?" a-t-il lancé sur les ondes d'Al Arabiya.
Aliaa Magda el-Mahdy refuse de réagir et de répondre aux
multiples demandes d'interviews, notamment de Reuters, d'Associated
Press, du
New York Times et de LEXPRESS.fr qui a tenté de la joindre ce jeudi via Twitter et Facebook. Son petit ami raconte au site CyberDissidents.org qu'elle a "déjà reçu des menaces