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 Maroc - Les illusions perdues du « Printemps arabe »

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عدد المساهمات : 2831
تاريخ التسجيل : 24/01/2010

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مُساهمةموضوع: Maroc - Les illusions perdues du « Printemps arabe »   Maroc - Les illusions perdues du « Printemps arabe » Icon_minitimeالأربعاء 6 يوليو 2011 - 12:17

Maroc - Les illusions perdues du « Printemps arabe »
par Pierre Piccinin

Maroc - Les illusions perdues du « Printemps arabe » 25425

Le bilan que l’on peut déjà tirer de manière assez précise des révoltes
qui ont secoué le Moyen-Orient et l’Afrique du nord depuis décembre
2010, et ce même s’il est peut-être un peu trop tôt encore pour conclure
définitivement, n’exclut pas le cas du Maroc, le grand oublié du « Printemps arabe ».

Partout, le « Printemps arabe » s’achève sur le relatif échec de l’opposition
et, partout, la stabilité des régimes demeure, y compris en Tunisie et
en Égypte, où, derrière des apparences de changement, les anciens
maîtres restent aux commandes de l’État et de l’ensemble du secteur économique.

Les « jeunes », qui ont été les instigateurs et le fer de lance de ces
révoltes, se retrouvent, en pratique, complètement exclus des
négociations (quand il y en a). C’est que leur slogan, « dégage ! »,
repris partout à travers le monde arabe, ne constitue aucunement un
programme de réformes, de la part de mouvements, en outre, spontanés,
sans organisation, ni représentation.

Ceci explique pourquoi les inquiétudes états-uniennes des débuts se sont
rapidement évanouies pour laisser place au soulagement. D’où l’absence
d’intervention de Washington : rien de fondamental, en somme, n’a changé
sur l’échiquier arabo-musulman, qui reste sous contrôle. « Que vient si souvent faire ici Jeff Feltman (Sous-secrétaire d’État US pour le Proche-Orient) auprès du gouvernement provisoire ? », s’interroge Radhia Nasraoui (Ligue des Droits de l’Homme de Tunisie), que nous avons rencontrée à Tunis ; « le dictateur est parti, mais la dictature est toujours en place ».

Et l’attitude est identique de la part du gouvernement israélien, même
s’il profite de la situation pour s’alarmer publiquement et justifier un
renfort sécuritaire : la « nouvelle » Égypte,
par exemple, protestera certainement sur la question palestinienne et
rouvrira ses frontières avec la Bande de Gaza. Mais elle ne fera pas la guerre…

En Tunisie, en effet, l’opposition, affaiblie et désorganisée, comme
partout ailleurs, par deux décennies d’exils et d’emprisonnements, n’a
pas réussi à chasser l’establishment benaliste de la direction de
l’État. Certes, le dictateur a quitté le pays et son premier ministre a
démissionné. Exutoires à la colère du peuple, fusibles et poudre aux
yeux, qui ont permis le retour au calme et la reprise en main de la rue
par l’armée... Car les seconds couteaux, inconnus du grand public, ont
su habilement prendre leur place. Comme nous l’ont confirmé Radhia Nasraoui, Hamma Hammami (Parti communiste des ouvriers de Tunisie) et Moncef Marzouki (Parti du Congrès pour la république),
principales figures de l’opposition tunisienne, les institutions au
service de la dictature n’ont pas été démantelées, pas même la police
politique du président Ben Ali : elle reste active et continue de
surveiller et d’intimider les opposants, qui craignent pour leur vie…

La situation est similaire en Égypte, où l’armée assure le maintient de
l’ordre, tandis que l’establishment moubarakiste, qui tient toujours
fermement les rouages de l’État et les outils de financement, s’est
réorganisé en créant de nouveaux partis.

En Égypte également, l’opposition, qui peine à s’imposer, est donc laissée
pour compte et cantonnée en marge du pouvoir (à l’exception notable des
Frères musulmans, qui nous ont reçu
dans leur quartier général du Caire, seul mouvement politique structuré,
lequel s’est cela dit rapidement rallié aux anciens ministres du
président Moubarak, pour former avec eux un gouvernement, et dont les
intensions, à long terme, restent incertaines). Les élections
législatives, programmées en septembre, ne réserveront donc guère de
surprise ; des élections qui arrivent beaucoup trop tôt pour une
opposition à peine en train d’entamer sa reconstruction, en Égypte,
comme en Tunisie.

Á Tunis, ainsi, « l’Instance supérieure pour la réalisation des objectifs
de la révolution », organe créé pour pallier à la non-représentativité
du gouvernement provisoire (toujours composé des ministres choisis par
Mohammed Gannouchi, l’ancien premier ministre, démissionnaire),
assemblée chaotique, non-élue, sert de caution au pouvoir, désireux de
hâter l’élection d’une « Assemblée nationale constituante », chargée de
rédiger une nouvelle constitution pour la Tunisie, avant des élections
législatives et présidentielles, de sorte à couper l’herbe sous le pied
de l’opposition en ne lui laissant pas le temps de s’organiser en vue de ces élections.

Initialement prévue en juillet, l’élection de cette Assemblée constituante a
finalement été reportée en octobre, à la demande de l’opposition (et non
à l’initiative du gouvernement provisoire qui serait soucieux de
conserver le pouvoir le plus longtemps possible, contrairement à ce que
colportent maints observateurs sensés « avertis »). Mais ce court laps
de temps supplémentaire suffira-t-il à l’opposition pour qu’elle puisse
s’organiser et mener campagne pour affronter ce puissant establishment
qui, en Tunisie aussi, s’est reconverti sous de nouvelles étiquettes ?

Ironie du sort, s’il en est, les benalistes du gouvernement provisoire de
Tunisie, pays qui s’effondre dans le chaos économique et l’explosion de
la criminalité, se sont autorisés l’effet d’annonce d’un vaste programme
pour le développement de l’emploi dans les zones les plus
défavorisées : le « Plan Bouazizi », du nom du jeune homme dont le
suicide par le feu avait été à l’origine de la révolte populaire ; comme
toujours, le système récupère les symboles...

En Égypte, par contre, la « nouvelle » constitution a déjà été rédigée, en
deux temps et trois mouvements, par un comité restreint « d’experts »,
nommés par le gouvernement, avec, en termes d’opposition, le seul
concours des Frères musulmans, qui ont ensuite appelé au vote du texte
lors du referendum, lui aussi organisé illico presto, le 19 mars 2011 :
les Égyptiens, encore tout étourdis par la chute de Moubarak et
confiants en la « révolution », ont massivement soutenu le texte et
l’ont approuvé par 77 % des votes. L’affaire est donc dans le sac pour
les tenants de l’ancien régime qui, de surcroît, bénéficient désormais
de l’aval « démocratique » que leur confère le referendum…

En Algérie, en Jordanie aussi, les mouvements contestataires ont duré le
temps que durent les roses, le temps d’un « Printemps… arabe » : ils ont
pu être maîtrisés par le pouvoir, à la faveur de quelques vagues
promesses et concessions mineures, et se sont progressivement éteints.
En Jordanie, ainsi, si le roi Abdallah II a promis une réforme des
institutions, il n'a fait que réitérer des engagements pris en 2000 déjà
et qui n'ont jamais été suivis d'effets. Par contre, dès le début des
émeutes, il a rappelé Maarouf Bakhit au poste de premier ministre, son
ancien conseiller militaire, qui avait supervisé le déroulement des
élections de 2007, les plus frauduleuses qu'ait connu le pays, au terme
desquelles pas un seul membre de l'opposition n'avait obtenu de siège au
parlement jordanien. Le nouveau premier ministre, chargé de mener à
bien « de réelles réformes politiques » a d'emblée déclaré que le processus serait « lent et graduel » et prendrait « le temps d'une génération »…


Quant aux monarchies de la péninsule arabique, elles semblent épargnées par la « vague révolutionnaire ».

Le Bahreïn, seul, a fait figure d’exception. L’opposition a été écrasée
dans le sang, avec l’aide de l’armée saoudienne et l’accord tacite des
Etats-Unis qui occupent dans le pays une base militaire abritant la
cinquième flotte US et plus de trois mille soldats (certes, la Maison
blanche a protesté, du bout des lèvres ; mais ce genre de déclaration ne
mange pas de pain et ne change pas le cours des choses ; au mieux
participe-t-il à augmenter le « soft power » états-unien dans la région…).

Au Yémen, où, face au risque de somalisation du pays, le Conseil de
Coopération du Golfe tente de ramener un semblant de stabilité et a
parié sur la fermeté du président Ali Abdallah Saleh (ou, à défaut, du
système qu’il a mis en place), la guerre des clans s’enlise dans les
querelles de succession qui se sont substituées aux révoltes, dont les
revendications sociales sont désormais passées au second plan.

La guerre tribale s’est aussi invitée en Libye,
où la France et ses alliés, dans une logique néocolonialiste manifeste
et en quasi-violation du droit international (en tout cas en
outrepassant, sans doute aucun, le cadre de la résolution 1973 du
Conseil de Sécurité de l’ONU), ont choisi de supporter les leaders de la rébellion,
pourtant d’anciens ministres kadhafistes, qui ne peuvent que fort
difficilement passer pour de parfaits démocrates, à commencer par le
président même du Conseil national de Transition, Mustapha Abud
al-Jalil : ministre de la justice de Kadhafi, c’est lui qui avait
condamné à mort les cinq infirmières bulgares dans l’affaire que l’on sait…

L’OTAN a donc choisi Charybde contre Scylla et participe de facto à une guerre
civile dont elle soutient une des parties de manière effective, et ce
par des bombardements massifs, qui ont déjà causé la mort de nombreux
civils (il convient de rappeler ici que la résolution 1973 autorisait
l’emploi de la force pour protéger la population civile, et non pour
aider une rébellion armée à renverser et à remplacer le gouvernement de
l’État de Libye). Est-ce là le "Printemps arabe"?

Seule la Syrie, peut-être, au moment où nous publions cette analyse, paraît
en situation incertaine, bien que le gouvernement de Bashir Al-Assad,
qui conserve le soutien complet et entier de l’armée, ait choisi la
fermeté et semble être en passe d’écraser la contestation, sans que
personne, d’ailleurs, n’y trouve vraiment à redire… Probablement le
retour en grâce de Damas et son rapprochement avec l’Arabie saoudite
(alliée majeure des Etats-Unis), et ce à l’instigation de ces derniers,
explique-t-il cela. Il faut de plus prendre en considération que les
Frères musulmans syriens, beaucoup moins modérés que leur équivalent
égyptien, ont l’oreille de la rue et prônent un radicalisme religieux
intransigeant : « plutôt Al-Assad que ces gens-là »,
doit-on se dire dans certaines chancelleries. Et le gouvernement de
Damas, le seul des États arabes qui, avec celui du Liban, n’a jamais
renoncé à la lutte contre l’occupation israélienne de la Palestine
(officiellement et en paroles, du moins), bénéficie aussi du soutien du
Hezbollah et de l’Iran, sans compter la sympathie de la résistance
palestinienne, mais également celle des populations de la région, de
manière générale, pour qui la Syrie demeure le champion de la cause
arabe. Paradoxalement, le gouvernement de Bashir al-Assad assure le
statu quo à l’égard d’Israël (en réalité et en actes, du moins) : depuis
le début des négociations sur le Golan, en 2007, et la perspective de
la restitution de ce territoire à la Syrie contre un accord de paix,
Damas a scrupuleusement contrôlé sa frontière et assuré la tranquillité à
son voisin hébreux. Israël ne peut donc que se féliciter de la
stabilité politique en Syrie et dudit statu quo, qu’un renversement de
régime risque plus que probablement de remettre en question.

Comme on peut le constater, la géopolitique du monde arabe est autrement plus
complexe et diverse que ne pourrait l’expliquer un « élan
révolutionnaire » impulsé par l’acte désespéré d’un jeune Tunisien.

Au Maroc, enfin, où existe un mouvement de contestation oublié du reste du monde, l’opposition
à la monarchie absolue du roi Mohamed VI a mis plus de temps à se
manifester, dans la plus totale indifférence des médias étrangers et,
dès lors, de l’opinion publique internationale. Ainsi, le 2 juin, Kamal
Ammari, un jeune homme de trente ans, est décédé des blessures qu’il
avait reçues lors de la grande manifestation du 29 mai ; c’est le
premier mort du fait de la répression des manifestations au Maroc. Pas
une ligne dans les quotidiens européens ; pas une image des
démonstrations qui ont suivi son enterrement, ni des manifestations du 5
juin où son portrait fut brandi dans toutes les villes marocaines…

La contestation s’est organisée via les sites sociaux de l’internet, à
l’initiative d’un groupe d’étudiants, inspirés par les événements
survenus en Tunisie : le Mouvement du 20 février réclame la réforme des
institutions pour l’instauration au Maroc d’une monarchie
constitutionnelle ; des manifestations-monstres, pacifiques, un dimanche
par mois, rassemblent les opposants depuis le 20 février, date de la
première marche des jeunes, qui a eu lieu dans cinquante-trois villes, selon le ministère de l’intérieur.

Certes, les Marocains ont toujours eu le droit de manifester et, régulièrement,
ils en ont usé. Mais, dès le début, le Mouvement du 20 février a pris
une ampleur géographique inhabituelle : le 20 mars, la deuxième
manifestation a touché plus de soixante villes et, le 24 avril, cent six
villes et villages.


En outre, les jeunes ont réussi à lever les barrières qui existaient entre
les différentes composantes de l’opposition : islamistes, nationalistes
et socialistes ont marché ensemble, alors que l’État avait jusque-là
réussi à les jouer les uns contre les autres. C’est probablement là ce
qui constitua un premier facteur d’inquiétude pour les autorités.


Plus encore, le 9 mars, le roi était sorti de sa réserve : dans son
discours, il avait affirmé avoir entendu le message du peuple et annoncé
de profondes réformes pour y répondre. Le roi, personne sacrée, ayant
pris position, le « Marzen », l’État monarchique, ne pouvait plus
tolérer la moindre réplique ou protestation. Pourtant, les 20 mars et 24
avril, les marches ont redoublé : le roi a promis une nouvelle
constitution, mais c’est lui qui a nommé la commission chargée de
l’élaborer. Les manifestants ont demandé la dissolution de cette commission.


Ils ont aussi demandé la fermeture du centre de détention illégal de
Temara, situé dans la banlieue de Rabat, où la police politique enferme
et torture les opposants (Khadija Ryadi, Présidente de l’Association
marocaine pour les droits humains, nous a confié que le centre aurait
également reçu des personnes transférées au Maroc, notamment depuis
Guantanamo, pour y être interrogées ; il ferait partie des fameuses
« prisons secrètes de la CIA »). Les manifestants ont ainsi organisé un
immense pique-nique devant le centre, autre facteur qui a provoqué la
réaction de l’État.


La répression a donc commencé, le 15 mai, à Temara. Les forces de police
avaient reçu des ordres : viser les militants les plus actifs, les
leaders, et leur casser un bras ou une jambe. Elle s’est poursuivie, de
plus en plus brutale, lors de la manifestation du dimanche 22 mai, puis
le 29, se soldant cette fois par un décès.


Dans le même temps, les autorités ont emprisonné Rachid Niny, directeur du
seul groupe de presse réellement indépendant de l’État,
al Massae,
et chroniqueur qui, depuis plusieurs semaines, dénonçait sans
ménagement la pratique de la torture à Temara et les corrompus gravitant
dans l’orbite du roi. «
Lorsqu’il a été arrêté, nous a expliqué Youssef Jajili, le porte-parole du groupe et le rédacteur en chef de l’hebdomadaire al Awal (l’un des seuls médias marocains à faire état des manifestations et à avoir fait sa une sur la mort de Kamal Ammari), nous
avons pensé à un accident de parcours dans le processus de
démocratisation engagé par le roi ; mais, très rapidement, aussi avec
l’augmentation de la répression, nous avons compris que le pouvoir avait
décidé de ‘gérer’ autrement la contestation.
»

Le pouvoir semble en effet avoir perçu les limites du Mouvement du 20
février : s’ils ont été rejoints par les médecins, les fonctionnaires,
les avocats, les enseignants, autant de corporations qui avaient
l’habitude de manifester seules et se fédèrent à présent, les jeunes,
pour la plupart issus des milieux universitaires, n’ont pas réussi à
mobiliser les masses des milieux les plus défavorisés, dubitatives. Les
pauvres du Maroc manifestent depuis toujours, pour du pain, des
logements, de meilleurs salaires, des transports publiques ; mais que
veulent ces jeunes, qui réclament une nouvelle constitution ? Le
Mouvement du 20 février reste donc élitiste et confiné à la classe moyenne.

Surtout, les couches populaires demeurent fidèles à leur roi : la monarchie de
droit divin n’est pas remise en question par ces milieux ; ni non plus,
d’ailleurs, par une partie des islamistes les plus radicaux (le parti
« Justice et Développement ») qui défendent le « Commandeur des Croyants » (nous ne parlons pas ici des salafistes, qui sont pour ainsi dire inexistants au Maroc).

La majorité des Marocains n’est donc pas prête à faire la révolution
contre son roi (qui, enfin, lui apparaît, par le biais d’une propagande
médiatique omniprésente, comme le seul à se soucier réellement du
bien-être de son peuple),
et
ce d’autant moins que le pouvoir a tiré les leçons des mésaventures
qu’ont connues ses voisins et, entre autres mesures, a sans tarder
distribué du pain aux milieux les plus pauvres et augmenté les aides
d’État pour court-circuiter le mouvement de contestation.

Le pouvoir peut donc frapper sans plus craindre un embrasement
généralisé : la « vague révolutionnaire », semble-t-il, sera venue
mourir sur les plages du Maroc.

Reste la question de savoir quelle attitude, en fonction de l’évolution des
événements, adopteront les mouvements islamistes, auxquels adhère la
majeure partie de la population. En effet, si le courant radical,
incarné par le parti « Justice et Développement », défend la monarchie,
le courant dominant, « Justice et Spiritualité », plus modéré et qui a
axé son discours sur la justice sociale, semble vouloir emboîter le pas à la contestation.

Cet islamisme-là, qui contredit tous les fantasmes de l’Occident, cet
islamisme éclairé, l’islamisme de la solidarité et du partage des
richesses, pourrait bien rapidement faire valoir ses droits et s’ériger
en arbitre de la « révolution » marocaine.

La « nouvelle » constitution promise par le roi sera soumise à référendum, ce
1er juillet. Il s’agit de la réponse du Marzen à la contestation, une
constitution qui a été réélaborée sans l'opposition et ne change pas
réellement les bases du régime : loin de présenter une « nouvelle »
constitution, le texte proposé apparaît davantage comme le résultat d’un
« toilettage » de l’ancienne constitution et le principal changement
réside dans le fait que le roi, qui nommera toujours lui-même son
premier ministre, devra toutefois le choisir parmi les élus du parti
vainqueur des élections.


Sans changer radicalement la donne, cette modification de la constitution
pourrait néanmoins apparaître comme une avancée démocratique, aussi
légère soit-elle. C’est d’ailleurs ainsi qu’elle a été reçue par la
diplomatie européenne. Toutefois, paradoxalement, cette mesure
reviendrait à un renforcement de la position du monarque : le premier
ministre, qui ne pourra agir, comme auparavant, que sous la tutelle du
roi, assumera désormais seul les décisions du gouvernement, lesquelles,
cependant, continueront de dépendre de la volonté du palais.


Si les Marocains devaient voter favorablement à l'adoption de cette
constitution, incontestablement, il s'agirait, dans les faits, d'un
plébiscite de soutien au roi, qui retrouverait une pleine légitimité, et
d'un désaveu du Mouvement du 20 février, et donc, peut-être, de la fin
de la "révolution" au Maroc.


Pierre PICCININ

Professeur d’histoire et de sciences politiques à l’École européenne de Bruxelles I

Maître de stages à l’Université Libre de Bruxelles (Faculté des sciences sociales et politiques)

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