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 Que se passe-t-il en Syrie ?

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مُساهمةموضوع: Que se passe-t-il en Syrie ?   Que se passe-t-il en Syrie ? Icon_minitimeالسبت 30 أبريل 2011 - 5:33

Les événements en Syrie et la désinformation médiatique
par Domenico Losurdo

Que se passe-t-il en Syrie ? Syrie-carte-fr_0

Depuis quelques jours, des groupes mystérieux tirent sur les manifestants et,
surtout, sur les participants aux funérailles qui ont suivi les
événements sanglants. De qui sont composés ces groupes ? Les autorités
syriennes soutiennent qu’il s’agit de provocateurs, essentiellement liés
aux services secrets étrangers. En Occident, par contre, même à gauche
on avalise sans aucun doute la thèse proclamée en premier lieu par la
Maison Blanche : ceux qui tirent sont toujours et seulement des agents
syriens en civil. Obama est-il la bouche de la vérité ? L’agence
syrienne Sana rapporte la découverte de «
bouteilles de plastique pleines de sang » utilisé pour produire « des
vidéos amateurs contrefaites » de morts et blessés chez les
manifestants. Comment lire cette information, que je reprends de
l’article de L. Trombetta dans La Stampa du 24 avril ? Peut-être les
pages qui suivent, tirées d’un essai qui sera bientôt publié,
contribueront-elles à jeter quelque lumière là-dessus. Si quelqu’un se
trouvait étonné voire incrédule à la lecture du contenu de mon texte,
qu’il n’oublie pas que les sources que j’y utilise sont presque
exclusivement « bourgeoises » (occidentales et pro-occidentales). (Voir aussi addenda, NdT).

« Amour et vérité »

Ces derniers temps, par les interventions surtout de la secrétaire d’Etat
Hillary Clinton, l’administration Obama ne rate pas une occasion de
célébrer Internet, Facebook, Twitter comme instruments de diffusion de
la vérité et de promotion, indirectement, de la paix. Des sommes
considérables ont été attribuées par Washington pour potentialiser ces
instruments et les rendre invulnérables aux censures et attaques des «
tyrans ». En réalité, pour les nouveaux media comme pour les plus
traditionnels, la même règle est de mise : ils peuvent aussi être des
instruments de manipulation et d’attisement de la haine et même de la
guerre. La radio a été savamment utilisée en ce sens par Goebbels et par
le régime nazi.

Pendant la guerre froide, plus encore qu’un instrument de propagande, les
transmissions radio ont constitué une arme pour les deux parties
engagées dans le conflit : la construction d’un efficient «
Psychological Warfare Workshop » est un des premiers devoirs assignés à
la Cia . Le recours à la manipulation joue un rôle essentiel aussi à la
fin de la guerre froide ; entre-temps, à côté de la radio, est
intervenue la télévision. Le 17 novembre 1989, la « révolution de
velours » triomphe à Prague, avec un mot d’ordre qui se voulait gandhien
: « Amour et Vérité ». En réalité un rôle décisif est joué par la
diffusion de la fausse nouvelle selon laquelle un étudiant avait été «
brutalement tué » par la police. C’est ce que révèle, satisfait, à vingt
ans de distance, « un journaliste et leader de la dissidence, Jan Urban
» protagoniste de la manipulation : son « mensonge » avait eu le mérite
de susciter l’indignation de masse et l’effondrement d’un régime déjà
périclitant.

A la fin de 1989, bien que fortement discrédité, Nicolae Ceausescu est encore
au pouvoir en Roumaine. Comment le renverser ? Les mass media
occidentaux diffusent massivement dans la population roumaine les
informations et les images du « génocide » perpétré à Timisoara par la
police de Ceausescu. Qu’était-il arrivé en réalité ? Laissons la parole à
un prestigieux philosophe (Giorgio Agamben), qui ne fait pas toujours
preuve de vigilance critique à l’égard de l’idéologie dominante mais qui
a synthétisé ici de façon magistrale l’affaire dont nous traitons :

« Pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, des cadavres à
peine enterrés ou alignés sur les tables des morgues ont été déterrés en
hâte et torturés pour simuler devant les caméras le génocide qui devait
légitimer le nouveau régime. Ce que le monde entier avait sous les yeux
en direct comme vérité sur les écrans de télévision, était l’absolue
non-vérité ; et bien que la falsification fût parfois évidente, elle
était de toutes façons authentifiée comme vraie par le système mondial
des media, pour qu'il fût clair que le vrai n’était désormais qu’un
moment du mouvement nécessaire du faux » .

Dix ans après, la technique décrite ci-dessus est de nouveau mise en acte,
avec un succès renouvelé. Une campagne martèle l’horreur dont s’est
rendu responsable le pays (la Yougoslavie) dont le démembrement a déjà
été programmé et contre lequel on est déjà en train de préparer la
guerre humanitaire :

« Le massacre de Racak est atroce, avec des mutilations et des têtes
coupées. C’est une scène idéale pour susciter l’indignation de l’opinion
publique internationale. Quelque chose semble étrange dans la tuerie.
Les Serbes tuent d’habitude sans procéder à des mutilations […] Comme la
guerre de Bosnie le montre, les dénonciations d’atrocités sur les
corps, signes de tortures, décapitations, sont une arme de propagande
diffuse […] Peut-être n’est-ce pas les Serbes mais les guérilleros
albanais qui ont mutilé les corps ».

Si ce n’est qu’à ce moment-là, les guérilleros de l’UCK ne pouvaient pas être
suspectés d’une telle infamie : c’étaient des freedom fighters, les
combattants de la liberté. Aujourd’hui, au Conseil d’Europe, le leader de l’UCK et père de la patrie au Kosovo, Hashim Thaci, « est accusé de diriger un clan politico-criminel né à la veille de la
guerre » et impliqué dans le trafic non seulement d’héroïne mais aussi
d’organes humains. Voici ce qui arrivait sous sa direction au cours de
la guerre : « Une ferme à Rripe, en Albanie centrale, transformée par
les hommes de l’UCK en salle d’opération, avec comme patients des
prisonniers de guerre serbes : un coup dans la nuque, avant d’explanter
leurs reins, la complicité de médecins étrangers » (on présume
occidentaux) . Et vient ainsi au jour la réalité de la « guerre
humanitaire » de 1999 contre la Yougoslavie ; mais pendant ce temps son
démembrement a été porté à terme et au Kosovo s’installe et veille une
énorme base militaire étasunienne.

Faisons un autre saut en arrière de plusieurs années. Une revue française de
géopolitique (Hérodote) a mis en relief le rôle essentiel joué, au cours
de la « révolution des roses » qui a lieu en Géorgie à la fin de 2003,
par les réseaux télévisés qui sont aux mains de
l’opposition géorgienne et par les réseaux occidentaux : ils
transmettent sans discontinuer l’image (qui s’est révélée ensuite
fausse) de la villa qui serait la preuve de la corruption d’Edouard
Chevardnadze, le dirigeant qu’il s’agit de
renverser. Après la proclamation des résultats électoraux qui signent la
victoire de Chevardnadze et qui sont déclarés frauduleux par
l’opposition, celle-ci décide d’organiser une marche sur Tbilissi, qui
devrait sceller « l’arrivée symbolique, et pacifique même, dans la
capitale, de tout un pays en colère ». Bien que convoquées de tous les
coins du pays à grands renforts de moyens propagandistes et financiers,
ce jour-là affluent pour la marche entre 5.000 et 10.000 personnes : «
ce n’est rien pour la Géorgie » ! Et pourtant grâce à une mise en scène
sophistiquée et de grande professionnalité, la chaîne de télé la plus
diffusée du pays arrive à communiquer un message totalement différent : «
L’image est là, puissante, celle d’un peuple entier qui suit son futur
président ». Désormais les autorités politiques sont délégitimées, le
pays est désorienté et abasourdi et l’opposition plus arrogante et
agressive que jamais, d’autant plus que les médias internationaux et les
chancelleries occidentales l’encouragent et la protègent . Le coup
d’Etat est mûr, il va porter au pouvoir Mikhaïl Saakashvili, qui a fait
ses études aux USA, parle un anglais parfait et est en mesure de
comprendre rapidement les ordres de ses supérieurs.

Internet comme instrument de liberté

Venons-en maintenant au nouveaux media, particulièrement chers à Madame Clinton
et à l’administration Obama. Pendant l’été 2009 on pouvait lire dans un
quotidien italien réputé :

« Depuis quelques jours, sur Twitter, circule une image de provenance
incertaine […] Devant nous, un photogramme d’une valeur profondément
symbolique : une page de notre présent.

Une femme avec le voile noir, qui porte un t-shirt vert sur des jeans :
extrême Orient et extrême Occident ensemble. Elle est seule, à pieds.
Elle a le bras droit levé et le poing fermé. Face à elle, imposant, la
gueule d’un SUV, du toit duquel émerge, hiératique, Mahmoud Ahmadinejad.
Derrière, les garde du corps.

Le jeu des gestes touche : de provocation désespérée, celui de la femme ; mystique, celui du président iranien ».

Il s’agit d’ « un photomontage », qui certes semble « vraisemblable », pour
arriver plus efficacement à « conditionner des idées, des croyances » .
D’autre part, les manipulations abondent. A la fin du mois de juin
2009, les nouveaux media en Iran et tous les
moyens d’information occidentaux diffusent l’image d’une belle fille
touchée par une balle : « Elle commence à saigner, elle perd conscience.
Dans les secondes qui suivent ou peu après, elle est morte. Personne ne
peut dire si elle a été prise dans le feu croisé ou si elle a été
touchée de façon ciblée ». Mais la recherche de la vérité est la
dernière chose à laquelle on pense : ce serait de toutes façons une
perte de temps et ça pourrait même se révéler contre-productif.
L’essentiel est ailleurs : « à présent la
révolution a un nom : Neda ». On peut alors diffuser le message désiré :
« Neda innocente contre Ahmadinejad », ou bien : « une jeunesse
courageuse contre un régime vil ». Et le message s’avère irrésistible : «
Il est impossible de regarder sur Internet de façon froide et objective
la vidéo de Neda Soltani, la brève séquence où le père de la jeune
femme et un médecin essaient de sauver la vie de le jeune iranienne de
vingt-six ans » . Comme pour le photomontage, dans le cas aussi de
l’image de Neda, nous sommes en présence d’une manipulation
sophistiquée, attentivement étudiée et calibrée dans tous ses détails
(graphiques, politiques et psychologiques) dans le but de discréditer et
de rendre la plus odieuse possible la direction iranienne. (Voir
addenda, NdT).

Et nous arrivons ainsi au « cas libyen ». Une revue italienne de
géopolitique a parlé à ce propos d’ « utilisation stratégique du faux »,
comme le confirme en premier lieu la « déconcertante affaire des
fausses fosses communes » (et d’autres détails sur lesquels j’ai attiré
l’attention). La technique est celle dont on se félicite et qu’on
utilise depuis des décennies, mais qui à présent,
avec l’avènement des nouveaux media, acquiert une efficience terrible :
« La lutte est d’abord représentée comme un duel entre le puissant et
le faible sans défense, et rapidement transfigurée ensuite en une
opposition frontale entre le Bien et le Mal absolus ». Dans ces
circonstances, loin d’être un instrument de liberté, les nouveaux media
produisent le résultat opposé. Nous sommes en présence d’une technique
de manipulation, qui « restreint fortement la liberté de choix des
spectateurs » ; « les espaces pour une analyse
rationnelle sont comprimés au maximum, en particulier en exploitant
l’effet émotif de la succession rapide des images » .

Et ainsi, on retrouve pour les nouveaux media la règle déjà constatée pour
la radio et la télévision : les instruments, ou potentiels instruments,
de liberté et d’émancipation (intellectuelle et politique) peuvent se
renverser et souvent se renversent aujourd’hui en leur contraire. Il
n’est pas difficile de prévoir que la
représentation manichéenne du conflit en Libye ne résistera pas
longtemps ; mais Obama et ses alliés espèrent dans l’intervalle
atteindre leurs objectifs, qui ne sont pas vraiment humanitaires, même
si la novlangue s’obstine à les définir comme tels.

Spontanéité d’Internet

Mais revenons au photomontage qui montre une dissidente iranienne défier le
président de son pays. L’auteur de l’article que je cite ne s’interroge
pas sur les artisans d’une manifestation si sophistiquée. Je vais
essayer de remédier à cette lacune. A la fin des années 90 déjà, sur le
International Herald Tribune on pouvait lire : « Les nouvelles technologies
ont changé la politique internationale » ; ceux qui étaient en mesure
de les contrôler voyaient augmenter démesurément leur pouvoir et leur
capacité de déstabilisation des pays plus faibles et technologiquement
moins avancés .

Nous sommes là en présence d’un nouveau chapitre de guerre psychologique.
Dans ce domaine aussi les Usa sont décisivement à l’avant-garde, ayant à
leur actif des décennies de recherche et d’expérimentations. Il y a
quelques années Rebecca Lemov, anthropologue de l’université de l’Etat
de Washington, a publié un livre qui « illustre les tentatives
inhumaines de la Cia et de certains parmi les plus grands psychiatres de
"détruire et reconstruire" la psyché des patients dans les années 50 » .
Nous pouvons alors comprendre un épisode qui s’est déroulé dans cette
même période. Le 16 août 1951, des phénomènes étranges et inquiétants
vinrent troubler Pont-Saint-Esprit, « un village tranquille et
pittoresque » situé « dans le Sud-est de la France ». Oui, « le pays fut
secoué par un mystérieux vent de folie collective. Cinq personnes au
moins moururent, des dizaines finirent à l’asile, des centaines
donnèrent des signes de délire et d’hallucinations […] Beaucoup finirent à l’hôpital avec la camisole de force ». Le mystère, qui a
longtemps entouré ce coup de « folie collective », est maintenant
dissipé : il s’agît d’une « expérimentation menée par la CIA, avec la
Special Operation Division (SOD), l’unité secrète de l’Armée USA de Fort
Detrick, au Maryland » ; les agents de la Cia « contaminèrent au LSD
les baguettes vendues dans les boulangeries du pays», causant les
résultats que nous avons vus ci-dessus . Nous sommes aux débuts de la
Guerre froide : bien sûr les Etats-Unis étaient des alliés de la France,
mais c’est justement pour ça que celle-ci se prêtait facilement aux
expérimentations de guerre psychologique qui avaient certes comme
objectif le « camp socialiste » (et la révolution anticoloniale) mais
pouvaient difficilement être effectuées dans les pays situés au-delà du
rideau de fer.

Posons-nous alors une question : l’excitation et l’attisement des masses ne
peuvent-ils être produits que par voie pharmacologique ? Avec
l’avènement et la généralisation d’Internet, Facebook, Twitter, une
nouvelle arme a émergé, susceptible de modifier profondément les
rapports de force sur le plan international. Ceci n’est plus un secret,
pour personne. De nos jours, aux USA, un roi de la satire télévisée
comme Jon Stewart s’exclame : « Mais pourquoi envoyons-nous des armées
s’il est aussi facile d’abattre les dictatures via Internet que
d’acheter une paire de chaussures ? » . A son tour, avec une revue
proche du département d’Etat, un chercheur attire l’attention sur «
comment il est difficile de militariser » (to weaponize)
les nouveaux media pour des objectifs à court terme et liés à un pays
déterminé ; il vaut mieux poursuivre des objectifs de plus ample
envergure . Les accents peuvent varier, mais la signification militaire
des nouvelles technologies est dans tous les cas explicitement soulignée
et revendiquée.

Mais Internet n’est-il pas l’expression même de la spontanéité individuelle ?
Seuls les plus démunis (et les moins scrupuleux) argumentent ainsi. En
réalité –reconnaît Douglas Paal, ex-collaborateur de Reagan et de Bush
senior- Internet est actuellement « gérée par une
ONG qui est de fait une émanation du Département du Commerce des USA » .
S’agit-il seulement de commerce ? Un quotidien de Pékin rapporte
un fait largement oublié : quand en 1992 la Chine demanda pour la
première fois à être reliée à Internet, sa requête fut rejetée en raison
du danger que le grand pays asiatique ne put ainsi « se procurer des
informations sur l’Occident ». Maintenant, au contraire, Hillary Clinton
revendique l’ « absolue liberté » d’Internet comme valeur universelle à
laquelle on ne peut renoncer ; et cependant -commente le quotidien
chinois- « l’égoïsme des Etats-Unis n’a pas changé » .

Peut-être ne s’agit-il pas seulement de commerce. A ce sujet, l’hebdomadaire allemand Die Zeit demande
des éclaircissements à James Bamford, un des plus grands experts en
matière de services secrets états-uniens : « Les Chinois craignent aussi
que des firmes américaines (étasuniennes, NdT) comme Google soient en
dernière analyse des outils des services secrets américains (étasuniens,
NdT) sur le territoire chinois. Est-ce une attitude paranoïde ? » « Pas
du tout » répond-il immédiatement. Au contraire même -ajoute l’expert-
des « organisations et institutions étrangères [aussi] sont infiltrées »
par les services secrets étasuniens, lesquels sont de toutes façons en
mesure d’intercepter les communications téléphoniques dans tous les
coins de la planète et doivent être considérées comme « les plus grands
hackers du monde » . Désormais -affirment encore sur Die Zeit deux
journalistes allemands- cela ne fait aucun doute :

« Les grands groupes Internet sont devenus un outil de la géopolitique
Usa. Avant, on avait besoin de laborieuses opérations secrètes pour
appuyer des mouvements politiques dans des pays lointains. Aujourd’hui
il suffit souvent d’un peu de technique de la communication, opérée à
partir de l’Occident […] Le service secret technologique des USA, la
National Security Agency, est en train de monter une organisation
complètement nouvelle pour les guerres sur Internet ».

Il convient donc de relire à la lumière de tout ceci quelques événements
récents d’explication non aisée. En juillet 2009 des incidents sanglants
sont survenus à Urumqi et dans le Xinjiang, la région de Chine habitée
surtout par des Ouigours. Sont-ce la discrimination et l’oppression
contre des minorités ethniques et religieuses qui les expliquent ? Une
approche de ce type ne semble pas très plausible, à en juger du moins
par ce que réfère de Pékin le correspondant de La Stampa :

« De nombreux Hans d’Urumqi se plaignent des privilèges dont jouissent
les Ouigours. Ceux-ci, de fait, en tant que minorité nationale
musulmane, ont à niveau égal des conditions de travail et de vie bien
meilleures que leurs collègues Hans. Un Ouigour, au bureau, a
l’autorisation de suspendre son travail plusieurs fois pas jour pour
accomplir les cinq prières musulmanes traditionnelles de la journée […]
En outre ils peuvent ne pas travailler le vendredi, jour férié musulman.
En théorie ils devraient récupérer le dimanche. Mais le dimanche les
bureaux sont en fait déserts […] Un autre point douloureux pour les
Hans, soumis à la dure politique d’unification familiale qui impose
encore l’enfant unique, est le fait que les Ouigours peuvent avoir deux
ou trois enfants. En tant que musulmans, ensuite, ils ont des
remboursements en plus dans leur salaire étant donné que, ne pouvant pas
manger de porc, ils doivent se rabattre sur la viande d’agneau qui est
plus chère ».

Elles apparaissent alors pour le moins unilatérales ces accusations portées
par l’Occident contre le gouvernement de Pékin de vouloir effacer
l’identité nationale et religieuse des Ouigours. Alors ?

Réfléchissons sur la dynamique des incidents. Dans une ville côtière de Chine où,
malgré les différentes traditions culturelles et religieuses
préexistantes, des Hans et des Ouigours travaillent côte à côte, se
répand tout d’un coup la rumeur selon laquelle une jeune fille han a été
violée par des ouvriers ouigours ; il en résulte des incidents au cours
desquels deux Ouigours perdent la vie. La rumeur qui a provoqué cette
tragédie est fausse mais voici que se répand alors une deuxième rumeur
plus forte encore et encore plus funeste : Internet diffuse dans son
réseau la nouvelle selon laquelle dans la ville côtière de Chine des
centaines de Ouigours auraient perdu la vie, massacrés par les Hans dans
l’indifférence et même sous le regard complaisant de la police.
Résultat : des tumultes ethniques dans le Xinjiang, qui provoquent la
mort de presque 200 personnes, cette fois presque toutes hans.

Eh bien sommes-nous là en présence d’une intrication malheureuse et
fortuite de circonstances ou bien la diffusion des rumeurs fausses et
tendancieuses visait-elle le résultat qui s’est effectivement produit
ensuite ? Nous sommes dans un situation où il s’avère désormais
impossible de distinguer la vérité de la manipulation. Une société
étasunienne a réalisé des « programmes qui permettraient à un sujet
engagé dans une campagne de désinformation de prendre simultanément
jusqu’à 70 identités (profils de réseaux sociaux, account in forum etc.) en les gérant parallèlement : le tout sans qu’on puisse découvrir qui tire les ficelles de cette marionnette virtuelle ». Qui a recours à ces programmes ? Il n’est pas difficile de le deviner. Le quotidien cité ici, non suspect d’antiaméricanisme (anti-étasunien, NdT)
précise que la société en question « fournit des services à diverses
agences gouvernementales étasuniennes, comme la Cia et le ministère de
la défense » . La manipulation de masse célèbre
son triomphe tandis que le langage de l’Empire et la novlangue se font,
dans la bouche d’Obama, plus doux et suaves que jamais.

Revient alors en mémoire l’« expérimentation conduite par la Cia » pendant
l’été 1951, qui produisit « un mystérieux vent de folie collective »
dans « le village pittoresque et tranquille » de Pont-Saint-Esprit. Et
de nouveau nous voici obligés de nous poser la question initiale : la «
folie collective » peut-elle être produite seulement par voie
pharmacologique ou bien aujourd’hui peut-elle être le résultat du
recours, aussi, aux « nouvelles technologies » de la communication de
masse ?

On comprend alors les financements par Hillary Clinton et par
l’administration Obama destinés aux nouveaux media. Nous avons vu que la
réalité des « guerres sur Internet » est désormais reconnue même par de
réputés organes de presse occidentaux ; sauf que dans le langage de
l’Empire et dans la novlangue la promotion des « guerres sur Internet »
devient la promotion de la liberté, de la démocratie et de la paix.

Les cibles de ces opérations ne restent pas sans rien faire : comme dans
toute guerre les faibles cherchent à combler leur désavantage en
apprenant des plus forts. Et voici que ces derniers crient au scandale :
« Au Liban ceux qui maîtrisent le plus les news media et les réseaux
sociaux ne sont pas les forces politiques pro-occidentales qui
soutiennent le gouvernement de Saad Hariri, mais les "Hezbollah" ».
Cette observation laisse poindre un soupir : ah, comme ce serait beau
si, ainsi qu’il en a été pour la bombe atomique et pour les armes
(proprement dites) les plus sophistiquées, même pour les « nouvelles
technologies » et les nouvelles armes d’information et de désinformation
de masse, ceux qui détiennent le monopole étaient les pays qui
infligent un interminable martyre au peuple palestinien et qui
voudraient continuer à exercer au Moyen-Orient une dictature terroriste !
Le fait est -se lamente Moises Naïm, directeur de Foreign Policy- que les Usa, Israël et l’Occident n’ont plus affaire aux « cyberidiots d’autrefois
». Ceux-ci « contre-attaquent avec les mêmes armes, font de la contre
information, empoisonnent les puits » : une véritable tragédie du point
de vue des présumés champions du « pluralisme » . Dans le langage de
l’Empire et dans la novlangue, la timide tentative de créer un espace
alternatif à celui qui est géré ou hégémonéisé par la superpuissance
solitaire devient un « empoisonnement des puits ».

Publié lundi 25 avril sur le blog de l’auteur, http://domenicolosurdo.blogspot.com/
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